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Mars 1987 : la trilogie des Faces Nord signée Christophe Profit !

Originaire de Normandie, Christophe Profit s’est illustré en montagne dès les années 1980, alors qu’il n’était pas encore guide de haute montagne. Quelques mois après avoir obtenu le précieux diplôme, on ne peut pas dire qu’il s’assagisse. C’est ainsi qu’en 1987 il réalise l’un des exploits les plus marquants de sa carrière. En moins de deux jours, il réalise l’ascension hivernale des trois faces Nord des Alpes les plus réputées. L’Eiger, le Cervin et les Grandes Jorasses. Retour sur cet événement exceptionnel couvert comme tel. Antenne 2, Paris Match, Europe 1, le Dauphiné… les journalistes sont sur le pied de guerre pour faire vivre l’exploit de Christophe Profit.

Il faut dire que depuis plusieurs années cette trilogie suscite la convoitise. Eric Escoffier, Jean-Marc Boivin, Christophe Profit, et même le Yougoslave Tomo Cesen… nombreux sont ceux qui veulent réussir cet enchaînement. En 1986, Cesen affirme avoir réalisé la trilogie en hiver en une semaine. Sans aucune preuve, cette réalisation est vite contestée, comme une bonne partie du palmarès du Yougoslave. Mais sur le trio de Français, c’est bien Profit qui va tirer son épingle du jeu…

Jeudi 12 et vendredi 13 mars 1987

Jeudi 12 mars à minuit, Profit démarre son défi. En quelques 5 heures de grimpe, le Français avale la Face Nord des Grandes Jorasses via l’Eperon Croz. Il redescend en parapente pour plus vite rallier le pied de l’Eiger. La nuit tombe alors qu’il a déjà bien entamé cette deuxième face nord. Une panne de lampe frontale le ralentit ; il est contraint d’attendre les premières lueurs du lendemain pour terminer cette deuxième partie.

Alors que les Jorasses n’avaient été qu’une promenade du dimanche (en apparence du moins), Profit sort bien plus éprouvé de l’Eiger, passablement frigorifié par son attente nocturne. Il profite du vol jusqu’au pied du Cervin pour se reposer et s’alimenter et c’est vite le départ de la troisième ascension. Avant de démarrer cette ultime portion, il n’a pas perdu son sens de l’humour : « qui est le sombre individu qui a inventé les enchaînements ? » lance-t-il à la cantonade.

Vendredi 13 mars à 14h30, il démarre. Un peu plus de 5h lui sont nécessaires pour la face en elle-même. En plus des difficultés techniques, il doit lutter contre le manque de sommeil. « J’aimerais pas en enchaîner une quatrième ! » parvient-il à murmurer à l’arrivée au sommet du Cervin.

Près de 40 heures pour Jorasses, Eiger, Cervin

En 42 heures, avec l’appui des copains et des hélicoptères pour l’approche et les descentes, Christophe Profit réussit ainsi cette trilogie hivernale. A la descente du Cervin, il dédit son exploit à Dominique Radigue, son compagnon de cordée fétiche, disparu quelques temps plus tôt à l’Aconcagua. Bruno Cormier, l’un des logisticiens de cet exploit avec Sylviane Tavernier, disparaîtra à son tour quelques mois plus tard dans un accident de parapente.

Christophe Profit, lui, n’a pas disparu. Il a su arrêter les exploits médiatiques au bon moment ; désormais, il continue d’emmener des clients en montagne, comme n’importe quel guide de haute montagne…   

Illustration © DR

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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