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1960 : le Dhaulagiri est vaincu après 10 ans de tentatives infructueuses !

Repéré en 1950 par l’expédition française en Himalaya, le Dhaulagiri avait finalement été délaissé au profit de l’Annapurna voisin. Herzog et Lachenal avaient vaincu les 8.091 mètres de l’Annapurna, devenant les premiers hommes à atteindre un sommet de plus de 8.000 mètres. Le Dhaulagiri, lui, restait invaincu. En 1953, l’Everest et le Nanga Parbat tombaient à leur tour. Le Dhaulagiri restait debout. En 1954, le K2 et le Cho Oyu étaient vaincus. Le Dhaulagiri résistait encore. Les années suivantes, les sommets majeurs de l’arc himalayen durent conquis. En 1960, lorsque les Suisses parvinrent – enfin – à la cime du Dhaulagiri. Il ne restait qu’un seul 8.000 invaincu, le Shishapangma, politiquement inaccessible. Les Helvètes mirent ainsi fin à une décennie d’expéditions successives.

10 ans d’échecs de 1950 à 1960

Le premier échec est certainement celui des Français en 1950. Car leur cible initiale était bien le Dhaulagiri sur les pentes duquel ils passèrent plusieurs semaines à tenter de trouver une voie acceptable. Rien n’y fit, ils renoncèrent pour l’Annapurna avec le succès que l’on connait. En 1953, des Suisses abandonnèrent à 7.700 mètres. Début juin 1954, des Argentins atteignirent les 8.000 mètres avant de faire demi-tour.

En 1955, Allemands et Suisses emmenés par le Bavarois Martin Meier tentèrent leur chance. Empêchée par le mauvais temps, cette expédition (aux menus végétariens, tiens donc (en anglais)) ne dépassa probablement pas les 7.200 mètres bien que ces données soient très approximatives. L’année suivante (1956), un groupe d’Argentins reprirent le flambeau, sous la houlette d’Emiliano Huerta. Trois d’entre eux parvinrent à 7.700 mètres à la fin du mois de mai.

En 1958, les Suisses refirent leur apparition en posant leurs crampons à 7.600 mètres. L’année suivante, des Autrichiens ne firent guère mieux. Un des leurs chuta fatalement dans une crevasse.

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La victoire suisse de 1960 !

Le 13 mai 1960, deux Suisses, un Allemand, un Autrichien et deux sherpas népalais parvinrent au sommet du Dhaulagiri. 8.167 mètres. Une ascension sans oxygène durant laquelle le leader de l’expédition, Max Eiselin, n’alla pas au sommet. En tant que chef, il permit néanmoins à l’aventure d’avoir lieu, alors même que les finances des participants étaient au plus bas. Des Suisses, des Autrichiens, des Allemands, des Italiens, donnèrent quelques dizaines de francs suisses, quelques entreprises offrirent du matériel. Il prit également la décision cruciale en choisissant l’Arête Nord-Est comme itinéraire.

Eiselin participa aussi à organiser une première mondiale, l’utilisation d’un avion pour transporter du matériel à haute altitude. Un Pilatus Porter, modèle baptisé Yéti, déposa quelques 6 tonnes de matériel et vivres à 5.200 et 5.700 mètres d’altitude à l’issue de plus d’une dizaine de vols. Un succès pour l’avionneur suisse qui fut vite relativisé. Le Yéti se crasha quelques jours plus tard sur les pentes du Dhaulagiri. Les deux pilotes s’en sortirent miraculeusement, mais pas l’avion ! Les décennies suivantes, porteurs, éleveurs de yaks, trekkeurs et alpinistes se firent un petit souvenir en ramenant chez eux un bout du Pilatus.

En 2010, Kurt Dimberger, l’Autrichien de la bande se souvenait de l’expédition (en anglais). « Cette expédition était, sous organisation suisse, la première ascension internationale d’une 8.000 (…) c’était difficile mais le principal challenge, c’était la météo. Les tempêtes s’enchainaient les unes après les autres ».

L’exploit ne fut pas réédité tout de suite…

Il fallut attendre 10 ans pour qu’une nouvelle expédition arrive à nouveau au sommet du Dhaulagiri. Entre temps, seuls des Américains firent parler d’eux…

En 1969, des Américains relevèrent le défi de retourner au Dhaulagiri. Ne dépassant pas les 5.500 mètres, le revers fut cuisant. Après l’évacuation d’un de ses membres clés, l’expédition continua mais fut terrassée par une avalanche. « Les sondes étaient inutiles; même les piolets ne pouvaient pas pénétrer l’énorme masse de glace, à peu près la taille d’un terrain de football et 20 pieds de profondeur. Nous n’avions plus aucun espoir. L’avalanche était de la glace, pas de la neige. Les quelques équipements trouvés ont été entièrement déchiquetés. Aucun homme n’aurait pu survivre dans de tels débris. » écrivit Lou Reichardt (en anglais), un des survivants. Cinq alpinistes américains et deux sherpas périrent ce 28 mai 1969.

Illustration Dhaulagiri 1960 © Max Eiselin

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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