affaire de la vanoise

L’ Affaire de la Vanoise, ou le destin contrarié de la station Val Chavière

L’ affaire de la Vanoise commence en 1969. Cette année là, le promoteur Pierre Schnebelen, à l’origine de Tignes-Val Claret, entre en scène. Il voit grand : un projet de gigantesque domaine skiable en fond de vallée des Belleville (Savoie) avec deux stations. Dans la combe de Thorens, la future Val Thorens. Et de l’autre côté, dominant la Maurienne : Val Chavière. Il faut dire que les glaciers de Peclet et de Chavière, au milieu de ce domaine, pourraient être facilement transformés en pistes de ski. Du ski toute l’année en plein cœur du… Parc National de la Vanoise. L’histoire se complique.

 

L’inviolable Parc de la Vanoise

En juillet 1963, le tout premier parc national français voit le jour. Le Parc de la Vanoise, à cheval entre Maurienne et Tarentaise. Dès sa création, les règles de protection de la nature et d’inviolabilité sont clairement énoncées. Quand quelques années plus tard, des promoteurs veulent installer des remontées mécaniques en plein cœur du parc.

Coup de chance pour le projet (et de malchance pour le parc), le maire de St Martin de Belleville de l’époque n’est autre que Joseph Fontanet. Président du Conseil Général de Savoie, ministre et proche du Président Pompidou. Le Président du Parc de l’époque, Pierre Dumas, est lui secrétaire d’état au Tourisme et maire de Chambéry. A force de lobbying, cette joyeuse famille confirme l’autorisation de construire Val Thorens et d’exploiter les glaciers au cœur du Parc : « Nous rejetons la création de Val Chavière mais acceptons compte tenu de l’intérêt exceptionnel du glacier, son utilisation pour le ski et son équipement modéré ». Le président Pompidou en personne l’affirme : « l’intégrité du Parc National de la Vanoise sera maintenue » !

De son côté, la ville de Modane est en difficulté face au recul de ses industries. Elle comptait bien sur ce projet touristique pour conserver des emplois sur son territoire. Le premier ministre de l’époque, Jacques Chaban-Delmas alloue des subventions importantes à la ville pour créer plusieurs infrastructures (et faire passer la pilule).

Acte II

En 1974, deux téléskis sont construits sur le glacier de Chavière. Ils seront exploités jusqu’en 1987. Entre temps, le glacier a considérablement reculé et son utilisation pour le ski n’est plus ni sûre ni rentable.  Pour que cela fonctionne, il faudrait rééquiper le glacier plus haut en direction de l’Aiguille de Péclet. En 1989, le maire de St Martin de Belleville de l’époque, Georges Cumin, relance un projet d’équipement du glacier. Il est question de 6 nouvelles remontées. La plupart des maires des communes avoisinantes soutiennent le projet. Mais devant la levée de boucliers des associations écologistes, et l’intérêt de l’opinion publique pour ce débat, le gouvernement tranche. Hors de question.

En 2002, les deux téléskis du glacier, abandonnés depuis 1987, sont démontés par Val Thorens. Cet épisode, connu sous le nom d’ Affaire de la Vanoise, est gravé dans la mémoire des exploitations de stations de Savoie. C’est un des passifs qui continue encore aujourd’hui d’handicaper les relations entre le Parc National de la Vanoise et les communes alentours.

 

EN SAVOIR PLUS > Article de Florian Charvolin, CNRS sur l’Affaire de la Vanoise
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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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