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Le réchauffement climatique menace le mode de vie des éleveurs de yaks

Dans les montagnes de l’Himalaya, les populations qui vivent depuis longtemps de l’élevage du yak souffrent du changement climatique. Le futur de cet animal totem et des paysans qu’il fait vivre s’obscurcit de plus en plus. Les éleveurs de yaks sont en première ligne des évolutions du climat.

L’enneigement a considérablement diminué dans certaines régions de montagnes du nord de l’Inde, comme le rapporte Mongabay (en anglais) . Résultat : sur les sols dépourvus de neige, de nouvelles espèces invasives prennent de plus en plus de place. C’est notamment le cas des sangsues qui apprécient tout particulièrement les veaux de yaks. « Il n’y avait aucune trace de ces petites bêtes jusqu’à il y a 10 à 12 ans » explique un éleveur. Avec les températures en augmentation, de nouvelles maladies se répandent et la production de lait diminue.

Des pâturages de plus en plus dégradés

La végétation s’adapte aussi à ces variations de températures. A l’image des rhododendrons qui montent en altitude, en quête de fraicheur. Ils se sont progressivement déplacés vers les pâturages fréquentés par les yaks. Au fil des années, les bêtes ont moins d’herbe à portée de gueule. Sans compter que ces mêmes rhododendrons « assèche également les zones humides de haute altitude », une des seules sources d’eau pour les yaks.

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Pour faire face à ces transformations majeures de leur environnement, les éleveurs de yaks n’ont pas beaucoup de choix. Alors qu’ils avaient l’habitude de quitter leurs villages avec leurs bêtes fin mai début juin, les éleveurs commencent désormais la transhumance en avril. Certains montent plus haut qu’avant. D’autres enfin préfèrent arrêter ce métier, revendre ce qui reste de leur troupeau, souvent transmis de génération en génération.

Les éleveurs de yaks se font de plus en plus rares…

Dans l’Arunachal Pradesh, une région indienne frontalière du Bhoutan et du Tibet, le nombre de familles éleveuses de yak est passé de 800 à 200 en quelques décennies. Ceux qui continuent s’adaptent. Des éleveurs choisissent de délaisser les yaks pour des croisements plus résistants aux températures chaudes. Comme les Dzos, ces croisements yaks-vaches. Avec les Dzos, plus besoin de transhumance. Au Bhoutan, les autorités ont autorisé les éleveurs de yaks à cultiver certains champignons (en anglais), les détournant bien vite d’affaires de moins en moins lucratives. Jadis nomades, ces éleveurs se sédentarisent. Leurs enfants ne veulent d’ailleurs plus entendre parler d’une vie si dure, rare sont les plus jeunes à vouloir reprendre le troupeau de leurs parents. D’autant qu’à la différence de leurs parents, les enfants vont à l’école. « Cela éloigne déjà la jeune génération d’éleveurs de leur paysage et de leurs connaissances agricoles traditionnelles » explique Dorji, un éleveur du Bhoutan (en anglais)

La conclusion semble inéluctable. Climat, économie et tendances sociétales vont dans le même sens. Celui de la disparition des nomades éleveurs de yaks. Un mouvement très rapide. En quelques décennies seulement, ces agriculteurs ont vu leur quotidien transformé. Des changements qui semblent, pour la plupart, irréversibles.

Illustration © DR

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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