Depuis le début des mesures il y a 160 ans, le permafrost n’a jamais eu aussi chaud dans les Alpes. Les derniers chiffres des chercheurs suisses sont sans appel.
Selon l’Académie suisse des Sciences naturelles, la température du permafrost est alarmante. Dans les Alpes suisses, elle a atteint un niveau record en 2024. Un niveau jamais atteint depuis le début des relevés en 1864. Ce réchauffement souterrain est lié à une succession d’années exceptionnellement chaudes. 2022, 2023 et 2024 figurent parmi les cinq années les plus chaudes jamais enregistrées en Suisse. Par rapport à la moyenne de 1991-2020, la température de l’air a augmenté de 1,4 à 1,9 °C. Et de 2,9 °C par rapport à la moyenne 1871-1900. La température du permafrost a ainsi grimpé de plus de 0,8 °C à 10 mètres de profondeur sur l’ensemble des sites étudiés. Un facteur aggravant a été observé à l’automne 2023. Des chutes de neige précoces ont piégé la chaleur estivale dans le sol, accentuant le réchauffement du permafrost.
Lire aussi : Fonte du pergélisol : les refuges suisses en danger !
Ce phénomène a des effets notables sur la stabilité des terrains alpins. Le permafrost, qui concerne environ 5 % du territoire suisse au-dessus de 2 500 mètres d’altitude, joue un rôle crucial dans la cohésion des sols en montagne. Sa fonte favorise l’épaississement de la couche superficielle de terrain, composée de roches et de sédiments, laquelle se déstabilise plus facilement. Au Schilthorn, par exemple, cette couche est passée de moins de 5 mètres en 2000 à plus de 13 mètres en 2023, et n’a pas réussi à regeler durant l’hiver 2024. Cette évolution accroît fortement les risques de glissements de terrain et d’effondrements massifs, comme celui survenu le 28 mai 2025. L’effondrement partiel du glacier du Birch a enseveli le village de Blatten.
Illustration © CC0 – Pixabay