chasse bouquetin

Chasser le bouquetin pour aider à sa conservation !

Dans les montagnes du Gilgit-Baltistan, plusieurs espèces d’ongulés dont le Markhor luttent pour leur survie. Pour aider à leur protection, les autorités ont ouvert la chasse dans certaines régions. Une approche raisonnée mais très discutée. Alors doit-on chasser le bouquetin pour le protéger ?

Au Nord du Pakistan, sur les contreforts des plus hautes montagnes du monde, plusieurs espèces d’ongulés ont failli disparaitre. C’était à l’époque où l’Empire britannique régnait dans la région et permettait la chasse aux trophées. Mais ces animaux n’étaient pas qu’une tête et des cornes pour les Britanniques. Symbole local, leur viande et leur peau étaient indispensables à la survie de certaines communautés. L’interdiction mise en œuvre au début du XXème siècle a été bousculée à la fin des années 1980. Dans une vallée montagneuse, un leader local soucieux de la protection d’une espèce de bouquetin a eu une idée surprenante. Comme le raconte la Tribune du Pakistan, il a proposé de reprendre la chasse au trophée, de façon encadrée (lien en anglais).

La chasse au trophée : une manne pour la protection des espèces

En vendant à de riches chasseurs étrangers le droit de tuer quelques animaux, l’idée était de générer des fonds à même d’aider à la conservation. Dans le même temps, les chasseurs repartaient avec les cornes, laissant aux communautés locales la viande et les peaux. Limitant par là le recours au braconnage. Une logique appliquée dans d’autres pays et dont l’efficacité peut être parfois au rendez-vous. Notamment quand « elle est basée sur une compréhension scientifique claire des dynamiques de populations des espèces, et est correctement gérée », souligne le WWF dans un rapport sur le sujet (lien en anglais).  Et ce modèle pourrait bien être adapté au Gilgit-Baltistan. Après plusieurs années de réflexion, ce fonctionnement a été mis en œuvre au début des années 1990. Et les résultats sont vraiment intéressants.

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Chasser le bouquetin et le markhor : des résultats très satisfaisants

Plusieurs espèces d’ongulés ont vu leur population augmenter très significativement en une décennie. A titre d’exemple, le Markhor de Suleiman a vu ses effectifs passer de 1.742 à 3.518 en seulement 11 ans. Effet collatéral positif de cette augmentation, les grands prédateurs comme le léopard des neiges trouvent plus facilement à manger, et les attaques sur les troupeaux ont également diminué. En 25 ans, le système a généré quelques 3,7 millions d’Euros de revenus, réinvestis dans les communautés locales et des projets environnementaux. Une manne qui a fait descendre en chute libre le recours au braconnage comme moyen de subsistance.

L’expérience lancée dans une vallée il y a 30 ans concerne désormais 30% du territoire du Gilgit-Baltistan. Chaque année, un quota est décidé en lien avec des experts en protection de la nature. Généralement : environ une centaine de spécimens par an, toutes espèces confondues. Le permis de chasse au trophée pour l’espèce reine, le Markhor, coûte 100.000 dollars pièce (environ 85.000 Euros).           

Illustrations © Stefan Kuhn CC0

  

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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