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Chantal Mauduit, 20 ans déjà !

Il y a 20 ans, presque jour pour jour, la française Chantal Mauduit perdait la vie sur les pentes du Dhaulagiri (Népal). En pleine nuit, le camp de la jeune alpiniste savoyarde se retrouvait enseveli par une petite avalanche. Sous cette tente, elle était accompagnée d’Ang Tsering, son sherpa, compagnon de cordée et ami. A quelques mètres à peine de leur campement, des tentes italiennes furent épargnées. Quelques mètres à peine… Elle avait 34 ans.

Ainsi disparaissait l’une des alpinistes de haut niveau les plus talentueuses du moment. Et surtout, une femme vraiment atypique. Déjà discrète à l’époque où elle réalisait des exploits, Chantal Mauduit est aujourd’hui très peu connue des plus jeunes générations. Pourtant son parcours mérite que l’on s’y attarde quelques minutes. Car en parallèle d’études et d’un début de carrière de kiné, elle accumulait les exploits, notamment en Himalaya.

Un palmarès impressionnant

Adolescente, elle découvrit l’alpinisme, peu après le décès brutal de sa mère, d’un cancer. Elle connaissait déjà bien la montagne, par le ski en hiver et les randonnées en été, autour du chalet familial de Sixt-Fer-à-Cheval (Haute-Savoie). Mais l’escalade et l’alpinisme, c’était autre chose ! Elle débuta son parcours sur les parois alpines, autour de Chamonix, ou dans le Valais. Et puis l’altitude l’attirant, elle partit pour quelques ascensions dans la Cordillère des Andes, à commencer par le Huascaran (Pérou).

Mauduit tente

Mais c’est au Népal qu’elle allait trouver son bonheur. Avec des montagnes magnifiques et une population qui l’est tout autant. « Le Népal c’est le pays du sourire (…) il y un échange culturel qui m’intéresse beaucoup (…) partir que pour les montagnes serait un peu pauvre » expliquait-elle quelques mois après son ascension du Manaslu. Elle se sentait si bien au Népal qu’elle en avait appris à parler la langue !
Les sommets de plus de 8.000 mètres ne lui faisaient pas peur. Sans oxygène, elle s’attaqua aux plus durs d’entre eux. En 1992, elle était au sommet du K2, l’année suivante, elle enchaîna le Shishapangma et le Cho Oyu à quelques semaines d’intervalle. Plusieurs fois, elle échoua à l’Everest, elle faillit même y rester… puis elle s’attaqua à d’autres sommets. Elle réalisa ainsi la première féminine, en solitaire, du Lhotse. Quelques jours plus tard, c’était au tour du Manaslu. Puis de retour dans le Karakoram, elle réussit l’ascension du Gasherbrum II en 1997. Tous des sommets de plus de 8.000 mètres.

L’automne de la même année, elle se frotta au Dhaulagiri, en vain. La saison suivante, elle reviendrait sur cette même montagne qui refuserait fatalement cette seconde tentative.

Ses petits carnets

Sous la tente sur laquelle elle taguait des vers d’auteurs célèbres, Chantal Mauduit stockait toujours quelques livres. Elle ne partait jamais en expédition sans des grands classiques, Rimbaud, Baudelaire, et un peu de poésie. Si son sac à dos pesait lourd, ça ne l’empêchait pas de vivre ses aventures avec beaucoup de légèreté, et son sourire permanent !
A son retour en France, elle prenait le temps de retrouver son amant, un poète. Ce dernier publiera d’ailleurs un recueil de textes dédiés à sa muse, quelques semaines après sa mort : Le Septième sommet : Poèmes pour Chantal Mauduit !

tente Mauduit

Elle écrivait, pour elle surtout et puis un peu pour les autres. Dans J’habite au Paradis (Ed. JC Lattès), elle ne manquait pas de lyrisme : « De ces expéditions multicolores, de ces expériences multicultures, j’ai appris, j’ai compris, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. De ces messages de tempêtes et d’orages, de ces messages d’outrance de blanc, de bleu, j’ai vu le bleu clair, de lune, de l’autre, de moi, d’eux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, valet, dame, roi, as, jeu de cartes, château de cartes, un coup de souffle himalayen et tout s’envole mais ne retombe. Qui êtes-vous alpinistes ? ». Pendant ses expéditions, elle écrivait au quotidien, dans de petits carnets où elle consignait tout.  Lors de sa dernière ascension, entre des séances de méditation, elle lisait Vie Secrète de Pascal Quignard, et écoutait de la musique, beaucoup de musique,… André Velter, son poète, disait d’elle : « Elle avait plus que de la grâce, une présence cosmique, elle était une boule de lumière, un état d’incandescence permanent ! ».

En savoir plus

Pour en savoir plus sur Chantal Mauduit, vous pouvez lire sa biographie aux Editions Guérin, sous la plume d’Alexandre Duyck, son livre J’habite au Paradis ou les recueils de poèmes d’André Velter qui lui sont consacrés.  Enfin, encore aujourd’hui, l’association Chantal Mauduit Namasté perpétue sa passion pour le Népal et ses populations. Elle a notamment participé à la création d’une école à Katmandou (en savoir plus).

Illustrations : (c) DR

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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