hiver en cours

C’est encore l’hiver sur le K2 mais jusqu’à quand ?

Les saisons en très haute montagne suscitent la discussion car plusieurs définitions s’affrontent. Entre les différentes écoles qui se font face, un compromis semblent se dégager. Celui d’une définition propre à l’himalayisme ? Quelle est donc la véritable définition de l’hiver ?

La vision astronomique, qui découpe l’année en 4 périodes de trois mois séparées par des solstices et des équinoxes est une première approche. Elle fait commencer l’hiver au 21 décembre et terminer au 20 mars. Cette définition s’applique chez nous, comme elle peut s’appliquer sur les pentes du K2 ou de l’Everest. Elle est largement admise, et les calendriers ne jurent bien souvent que par cette approche ! Même si on note des spécificités culturelles dans de nombreux pays.

Les météorologues, eux, voient les choses différemment. Un décalage de 3 semaines environ est observé entre le niveau d’ensoleillement et son impact (sur les températures notamment). Un écart généré par « l’inertie de l’atmosphère ». En gros, la période la plus froide de l’année commence donc au 1er décembre et non au 21 et se termine fin février, et non au 20 mars. Météo France précise ainsi que «  la plupart des pays ont adopté cette règle et les saisons météorologiques sont ainsi les suivantes : Hiver : du 1er décembre au 28 ou 29 février (décembre, janvier et février) ».

Lire aussi [lien en anglais] : Les explications de Denis Urubko sur sa propre définition de l’hiver

Les autorités népalaises et pakistanaises, qui émettent les permis d’ascensions, ont tendance à se caler sur la version des météorologues. Les permis hivernaux couvrant généralement les mois de décembre à février.

Des hivernales qui n’en sont pas

Ces deux approches sont à prendre en considération s’agissant de réaliser des ascensions hivernales. Ainsi un sommet atteint le 10 décembre pourra offrir des conditions plus hivernales (froid, neige…) que le même sommet réussi le 10 mars. Pourtant, pour les tenants du calendrier et des saisons astronomiques, la première ascension (potentiellement bien plus exigeante) ne sera pas considérée comme une hivernale. La seconde, dans une période généralement plus douce au plan des températures, avec des jours nettement plus longs, sera une ascension hivernale pour les astronomes mais pas pour les météorologues. Ainsi, début décembre 2004, quand Jean-Christophe Lafaille réussit l’ascension du Shishapangma, même si les conditions sont hivernales, ce n’est pas la première hivernale. Du moins pas pour tout le monde, notamment pour les grimpeurs qui étaient sur le même sommet quelques semaines plus tard, en janvier !   

Les premières ascensions « hivernales » du Broadpeak et du Gasherbrum I sont donc discutables pour certains car réalisées en mars (2013 et 2012). C’est ainsi que l’hiver dernier, Denis Urubko avait monté une expédition sur le Broadpeak, bien décidé à réaliser ce qui devait être pour lui la « première véritable hivernale ». Il est finalement rentré sans avoir atteint le sommet.

Un compromis entre hiver astronomique et hiver météorologique : l’hiver des alpinistes ?

La réalité des montagnes est encore une autre dimension. Car certaines années, début décembre peut-être plutôt clément, comme cette année sur le K2 où le mois de décembre a été globalement calme. A l’inverse, on a déjà vu des mois de mars avec des météos très compliquées dans l’Himalaya. Pour couper court à cette discussion, nombre d’alpinistes préfèrent aujourd’hui considérer le regroupement de ces deux périodes dans un hiver minimal qui convient à tous : du 21 décembre au 28 février. Un compromis sur lequel astronomes et météorologues peuvent de facto tomber d’accord. En décembre dernier, Chhang Dawa Sherpa, patron de Seven Summit Treks prenait d’ailleurs cette position. Pour « éviter la polémique, nous avons décidé de débuter notre expédition quand les deux calendriers considèrent que c’est l’hiver ».  Reste qu’avec cette méthode, la saison des expéditions se réduit d’un mois !

Illustrations © DR

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