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Le bobsleigh ou la luge dangereux pour le cerveau ?

En mai dernier, un ancien champion de bobsleigh s’est suicidé. Troisième du genre depuis 2013. D’autres ont tenté mais ont été sauvés in extremis. Dans une enquête, le New York Times (en anglais) fait le lien avec la pratique de leur sport favori. Ces anciens sportifs ont tous raconté qu’ils « luttaient contre des migraines chroniques, une forte sensibilité à la lumière et au bruit, des problèmes de mémoires » ou de dépression. Le lien entre ce qui s’apparente à des dommages au cerveau et la pratique de leur sport extrême. Ces sports n’ont jamais été considérés comme exempts de danger. Mais on avait jusque là plutôt tendance à se focaliser sur les accidents mortels. Depuis 1924, on compterait quelques 42 accidents mortels. Le dernier en date remonte à 2004, en Allemagne.

L’analogie avec le Syndrome du bébé secoué

Accélérations importantes, fortes vibrations, chocs… le cerveau d’un lugeur ou d’un pratiquant de bobsleigh est malmené. Si on sait aujourd’hui que certains chutes violentes entraînent des commotions ou traumatismes immédiats, les scientifiques ont plus de mal à établir les impacts de lésions légères mais répétées. Certains font pourtant l’analogie avec le « syndrome du bébé secoué » et ses dommages irréversibles pour l’enfant.

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Lors de chaque descente en bobsleigh, les têtes – bien que casquées – cognent régulièrement contre les parois du bob. Les accélérations (que subissent aussi les lugeurs) sont très violentes. Des chocs qui semblent anodins mais qui à la longue peuvent avoir des conséquences. Il n’est pas rare qu’en fin d’entrainement ou après une course, les bobeurs se retrouvent dans une forme de léthargie le temps de reprendre leurs esprits. Un phénomène banalisé qui inquiète les médecins. Plusieurs pratiquants à la retraite ont raconté leurs troubles de la concentration, leurs problèmes d’humeur… Christina Smith, citée par le Times, explique avoir « lutté contre la dépression, les sautes d’humeur, la perte de mémoire et les problèmes de sommeil. ». Des analyses de son cerveau ont révélé des lésions dues, selon les médecins, à des micro-déchirures.

Un système d’alerte perfectible

Certaines fédérations affirment prêter beaucoup d’importance à ces risques, soumettant régulièrement leurs athlètes à des tests cognitifs. Mais le système est perfectible. Elles comptent souvent sur les sportifs eux-mêmes pour déclarer leurs symptômes. Une déclaration qui peut sauver leur vie mais mettre entre parenthèses – voire en péril – leur carrière. Choix cornélien et lourd de conséquences pour des champions qui ont bien souvent fait passer leur discipline avant tout le reste.

En savoir plus : Discipline olympique depuis les premiers jeux d’hiver, le bobsleigh compte assez peu de pratiquants dans le monde. Il faut dire que le nombre de pistes se compte sur les doigts de quelques mains. En France, il n’existe qu’un seul équipement de ce type. Vestige des Jeux d’Albertville (1992), la piste de la Plagne est toujours en service.

Illustrations © Domaine Public

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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