Annapurna

1978 : la tragique expédition féminine à l’Annapurna !

En 1978, une dizaine de grimpeuses s’envolent pour le Népal, elles visent l’Annapurna. Elles vont parvenir au sommet, 8.091m, mais au prix d’une terrible tragédie.

Automne 1978, un groupe d’alpinistes américaines part en direction du Népal pour une expédition à l’Annapurna. A cette époque, les participantes aux expéditions sont rares. L’Américaine Arlene Blum postule quelques années plus tôt pour une expédition himalayenne et reçoit comme réponse qu’elle est la bienvenue jusqu’au camp de base, notamment pour aider en cuisine. Une réponse qu’elle a du mal à accepter… Quelques mois plus tard, elle organise elle-même sa première expédition féminine (au Denali) puis vient le projet plus ambitieux de l’Annapurna.

Pour financer cette entreprise coûteuse, Blum a l’idée de vendre des tee-shirts aux accents féministes. « La place des femmes est au sommet » peut-on lire sur ce qui allait devenir un best-seller. En quelques mois, elles dégagent les 80.000 dollars nécessaires à l’organisation de leur aventure. Irene Miller, une des participantes, définit alors le groupe comme « de vieilles grimpeuses frustrées de ne pas être invitées à des expéditions ». C’est évidemment du second degré. Car si l’absence d’invitations par leurs homologues masculins se révèle véridique, elles sont plutôt jeunes. La leader Arlene Blum a 33 ans, Alison Chadwick a 36 ans, Ann Whitehouse n’a que 21 ans… Elles sont 10 au total, en majorité américaines mais pas que !

Du Camp de base au Camp 4 !

Elles arrivent fin août au camp de base, à 4.330 mètres d’altitude. Quelques sherpas sont également de la partie, ce sont les rares hommes que l’on croise alors au pied de cette montagne. Les premiers jours sont très productifs. Le 3 septembre, le Camp 2 est installé à 5.640 mètres. La suite du mois de septembre va être plus compliquée. La montagne et la météo donnent du fil à retordre à ces premières femmes à s’essayer à l’Annapurna. A cette époque, seules 8 personnes ont mis le pied au sommet de cette montagne. Tous des hommes. A commencer par les deux Français : Herzog et Lachenal.

Plusieurs avalanches les encouragent alors à choisir la voie hollandaise, ouverte quelques mois plus tôt par une équipe… hollandaise. Elle semble alors plus compliquée mais moins exposée aux incessantes coulées de neige. Ce n’est que le 27 septembre que le Camp 3 est atteint, à 6.400 mètres environ. Très vite, des équipes se dessinent pour aller au sommet.

Annapurna 1978 : Le sommet est atteint le 15 octobre

Vers la mi-octobre, les groupes se mettent en route à destination du Camp 4, puis progressivement vers le Camp 5, respectivement à 7.010 et 7.375 mètres d’altitude. Le soir où le premier groupe se retrouve sous la tente du Camp 5, deux bouteilles d’oxygène pour trois sont utilisées, histoire de mieux récupérer. En fixant ses crampons, Piro Kramar, se rend compte que ses gants sont troués. Les dégâts sont déjà là, un doigt est partiellement gelé. Elle renonce au sommet pour sauver son doigt. Il ne reste plus que Vera Kormakova, Irene Miller et deux sherpas : Mingma et Chewang. Pour ne pas gaspiller le précieux gaz, les deux femmes attendent près de 3 heures de progression avant d’utiliser leurs bouteilles d’oxygène. Dans certains passages, les quatre alpinistes ont de la neige jusqu’aux cuisses. Partis à 7h du Camp 5, l’arrivée victorieuse au sommet intervient à 15h30 !

La tragédie du deuxième groupe

Le lendemain, dans la descente, Vera et Irene s’arrêtent au Camp 3 pour la nuit. La deuxième équipe est déjà là. Elle se compose d’Alison Chadwick et de Vera Watson et d’un sherpa (liens en anglais). Ce dernier est malade et redescend. Le 17 octobre au matin, tout le monde se met en mouvement, Chadwick et Watson grimpent, les autres filent vers le bas. Avant la nuit, les deux alpinistes sont aperçues sous le Camp 5. Tout va bien.

Pourtant le lendemain, pas de nouvelle. En observant la montagne depuis le camp 2, aucun mouvement au Camp 5 ni alentours. L’inquiétude grandit et deux sherpas acceptent de monter. Le 20 octobre à 14 heures, la radio retentit. La voix des sherpas annonce leur macabre découverte. Vera et Alison ont glissé fatalement sur quelques 400 mètres, la première a fini sa course dans une crevasse. La seconde git à quelques mètres, sur la pente glacée.

Quelques heures plus tard, deux autres membres de l’équipe montent pour tenter d’en savoir plus mais les conditions sont trop dures et il n’est pas question d’ajouter de nouvelles victimes à cette tragédie. La victoire de la première équipe n’efface pas la terrible perte de deux membres. Tout le monde plie bagage, la mort dans l’âme. Leurs deux amies resteront sur la montagne et leurs noms s’ajouteront à la liste déjà longue des grimpeurs morts en voulant s’attaquer à l’Annapurna. A cette époque, ils sont plus nombreux que ceux à avoir réussi. Vera et Alison sont les deux premiers noms féminins sur cette liste macabre.

Illustrations © DR

  

4.4/5 - (13 votes)

Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

Voir tous les articles de Arnaud P →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *