Gertrude Benham

Exploratrices oubliées : la solitaire Gertrude Benham !

L’histoire de la conquête des sommets retient peu de noms féminins. Celui de Gertrude Benham fait partie de la liste des oubliées…

Au tournant du XXᵉ siècle, alors que les grandes expéditions étaient presque exclusivement masculines, Gertrude Emily Benham (1867-1938) traçait, seule, un chemin hors des sentiers battus. Née à Londres dans une famille aisée, elle renonça très tôt à la vie mondaine. Et se consacra à la marche, à l’alpinisme et à l’exploration. Petite et discrète, elle parcourut plus de 40 000 kilomètres à pied au cours de sa vie — un record pour son époque —, traversant la plupart des continents, carnet et croquis à la main.

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Dans les Alpes, où elle s’initia à l’alpinisme dans les années 1890, Benham gravit un nombre impressionnant de sommets. Du Cervin au Mont Rose en passant par le Weisshorn ou encore le Mont Viso. Elle ne se contenta pas de suivre des guides : elle traçait souvent sa propre route. A une époque où les femmes étaient rarement admises dans les clubs alpins.

Des Alpes au Kilimandjaro

Puis elle élargit son horizon. En Himalaya, où elle atteignit 6 100 m d’altitude. En Afrique de l’Est où elle gravit le Kilimandjaro et le Mont Kenya. Mais aussi en Amérique du Nord, en Nouvelle-Zélande, et même dans l’Arctique canadien. Ses voyages n’étaient pas motivés par la gloire, mais par une curiosité tranquille et un sens profond de la liberté. Comme elle l’écrivit dans l’un de ses rares récits, L’ascension du mont Assiniboine (1907) : « J’ai marché seule pendant les premiers kilomètres, à la grande surprise de mon compagnon, mais c’est ainsi que j’aime commencer une ascension. »

Artiste et ethnographe autodidacte, Gertrude Benham rapportait de ses expéditions des dessins, cartes et objets qu’elle offrit plus tard à des musées britanniques. Malgré la richesse de ses récits, elle publia peu, préférant le silence des sentiers à la reconnaissance publique. Dans une de ses lettres, elle confia : « Je ne me sens jamais seule. Comment le pourrais-je, quand il y a tant de beauté à admirer dans le monde ? »

Elle mourut en 1938, dans un bateau qui la ramenait d’Afrique du Sud, son ultime voyage, à 71 ans. Aujourd’hui encore, elle reste l’une des grandes exploratrices méconnues de l’histoire. Une femme seule, partie à la conquête du monde avec une boussole, un carnet, et une endurance à toute épreuve. Une héroïne discrète du temps où la montagne, et la planète entière, semblaient encore inépuisables.

Illustration © CC0

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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