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Le business des arbres à chapelets en Himalaya

Au Népal, on cultive le ziziphus budhensis, un arbre dont les graines se vendent pour fabriquer des chapelets utilisés dans la culture bouddhiste.

Dans les collines du district de Kavre, à l’est de Katmandou, un commerce florissant s’est développé autour des arbres à « Buddhachitta ». Ses graines servent à confectionner des chapelets bouddhistes très prisés. Longtemps cultivés par tradition, ces arbres sacrés sont devenus une véritable manne économique. Notamment depuis que le Dalaï-Lama a affirmé que les graines du Népal étaient les meilleures et dotées de pouvoirs particuliers. Cette reconnaissance a déclenché une ruée sans précédent. Attirant acheteurs chinois, intermédiaires locaux et paysans désireux de profiter de cette nouvelle « culture miracle ». Certains ont vu leurs revenus dépasser largement ceux gagnés en travaillant à l’étranger. Tandis que les chapelets les plus rares peuvent se vendre à des prix atteignant plusieurs milliers de dollars.

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Mais derrière cet essor spectaculaire se cachent de fortes vulnérabilités. La demande chinoise, moteur du marché, attire des réseaux parfois peu scrupuleux. Des arbres ont été coupés illégalement, et des tentatives artificielles pour maitriser la taille des graines ont conduit à la mort de plantations entières. À cela s’ajoute une volatilité des prix qui fragilise les familles dépendant désormais de cette culture. De nombreux paysans se retrouvent à la merci des intermédiaires. Ces derniers imposent leurs tarifs, excluant les producteurs des négociations avec les acheteurs chinois. Les aléas climatiques, comme les violentes grêles de l’Himalaya, peuvent également anéantir une récolte entière.

Malgré ces défis, la culture du « Buddhachitta » continue d’essaimer dans les villages tamang, où de nombreux foyers comptent désormais quelques dizaines d’arbres. Peu exigeante, cette plante s’intègre facilement aux cultures vivrières traditionnelles. Elle offre un espoir de diversification économique pour des communautés longtemps dépendantes de l’agriculture de subsistance. Entre opportunité financière et risques d’exploitation, le business des arbres à chapelets incarne aujourd’hui les promesses et les contradictions d’un commerce mondialisé ancré dans un savoir ancestral.

Illustration © DR

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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