C’est le début de ce qu’ils ont baptisé Mission Everest. Ou comment lever des fonds en tentant de gravir le toit du monde en un délai record de 7 jours.
Ils partent de Londres et comptent rejoindre le camp de base de l’Everest dans quelques heures. Un hélicoptère devrait les conduire de Katmandou jusqu’au pied du glacier du Khumbu. Ces quatre vétérans de l’armée britannique, l’un d’eux est même Ministre des Anciens Combattants, se lancent un défi que ne laisse pas grand monde indifférent. Ils envisagent de mener leur « mission Everest » en 7 jours, porte à porte. Autant dire, peu de temps sur la montagne. Plus ou moins 5 jours pour monter puis redescendre.
Leur acclimatation s’est faite à distance, avec plusieurs mois à dormir sous une tente hypoxique, qui simule l’altitude. Pour parfaire leur préparation, ils sont les premiers clients d’expédition à avoir « recours à un traitement médical expérimental » expliquent-ils. Derrière ces quelques mots se cachent l’utilisation du fameux gaz Xénon. Selon ses adeptes, il pourrait permettre d’améliorer l’acclimatation et de réduire les risques de Mal Aigu des Montagnes. La controverse suscitée par les premières annonces du recours à ce gaz, il y a quelques mois, devrait donc être ravivée les prochains jours. En attendant, ces vétérans mènent cette mission pour une bonne cause. Leur objectif ? Lever 1 millions de livres pour les vétérans, leurs familles et notamment les orphelins de soldats morts en mission.
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C’est quoi cette histoire de Xénon ?
Le xénon, un gaz rare historiquement utilisé en anesthésie, aurait des effets bénéfiques sur la production d’érythropoïétine (EPO), une hormone qui stimule la création de globules rouges. Cela pourrait, selon certains, aider le corps à mieux tolérer le manque d’oxygène en haute altitude. Les quatre hommes auraient donc inhalé une dose unique de xénon sous surveillance médicale, censée avoir des effets positifs sur leur oxygénation pendant une dizaine de jours. Cette technique innovante attire autant l’admiration que les critiques dans le milieu de l’alpinisme.
Certains experts de la communauté des grimpeurs rejettent cette méthode, la comparant à du dopage. Ils soulignent qu’il n’existe pas de preuves scientifiques solides sur les bénéfices réels du xénon pour l’alpinisme. Des figures du milieu, comme Adrian Ballinger ou le Dr Peter Hackett, évoquent l’absence de résultats probants sur l’augmentation durable des globules rouges ou de la performance physique. De plus, le xénon est interdit dans les compétitions sportives régies par les organismes de lutte antidopage, bien que l’alpinisme ne soit pas encadré par ceux-ci.
Le médecin allemand Michael Fries, à l’origine de cette idée, affirme néanmoins que le xénon pourrait offrir une protection neurocérébrale contre les effets extrêmes de l’altitude, notamment l’œdème cérébral. Lui et Lukas Furtenbach, guide autrichien connu pour ses expéditions « éclair », estiment que réduire le temps passé sur la montagne limite l’exposition aux dangers et réduit aussi l’impact environnemental. Leur argument principal est que l’innovation peut coexister avec les approches traditionnelles, même si cela dérange certains puristes.
Illustration © The Real Garth Miller IG