aéroport Pokhara

Himalaya : cet aéroport international ne reçoit toujours pas de vol international

A Pokhara (Népal), l’aéroport flambant neuf construit par la Chine est en train de se changer en « éléphant blanc », ces infrastructures couteuses devenues des fardeaux financiers.

Il devait être la porte d’entrée sur la région des Annapurna. Et a coûté près de 300 millions de dollars dont 200 millions en emprunts chinois. Pourtant l’aéroport international de Pokhara ne reçoit toujours pas de vols internationaux. Inauguré en grande pompe en janvier 2023, cette infrastructure nouvelle – construite par des entreprises chinoises – devait soulager l’aéroport saturé de Katmandou. Et permettre au Népal d’atteindre ses ambitieux objectifs d’augmentation du nombre de visiteurs étrangers. Près de deux ans plus tard, rien n’a bougé. Aujourd’hui, presque tous les vols qui arrivent à Pokhara viennent de Katmandou. Pas terrible pour soulager ledit aéroport.  

Un prêt impossible à rembourser

Une enquête a été ouverte suite à la révélation en novembre 2023 par le New York Times de coûts gonflés par l’entrepreneur chinois et des réticences de l’Autorité Népalaise de l’Aviation Civile à regarder ces problèmes de près. Histoire de ne pas froisser Pékin. Et la dépendance à la Chine ne s’arrête pas là. Car le Népal doit rembourser, alors même que l’aéroport ne rapporte rien. Les intérêts, initialement évoqués à 2%, pourraient s’élever à 5% selon certains journalistes népalais citant le très secret contrat. Sans vols internationaux, l’aéroport n’a pas les moyens de rembourser son prêt…

D’autres pays d’Asie ont déjà fait les frais de cette stratégie chinoise. Le Sri Lanka est ainsi devenu très dépendant de Pékin après plusieurs projets d’infrastructures. L’aéroport d’Hambantota, désespérément vide, rappelle tristement celui de Pokhara. Mais dans le cas népalais, on peut douter de voir un jour des vols internationaux réguliers s’installer dans ce nouvel aéroport.

Un aéroport qui n’attire pas les vols internationaux

Déjà parce que le voisin indien ne compte pas y envoyer ses avions, l’aéroport ayant été marketé par Pékin comme partie intégrante de ses Nouvelles Routes de la Soie. Mais aussi à cause d’un problème que la diplomatie ne pourra jamais régler…

La topographie des environs complique l’approche des avions. Et pour des raisons de sécurité, leur charge utile est contrainte. Si bien qu’une étude préliminaire a conclu qu’un A320 pouvant peser 77 tonnes au décollage devrait ici se limiter à 68 tonnes. Sur les vols les plus courts, depuis le Tibet ou le Nord de l’Inde, ce poids peut être gagné en limitant le carburant emporté. Pour les vols plus longs, il faut limiter le nombre de passagers. Près d’un siège sur deux laissé vide représente un manque à gagner majeur pour toute compagnie. Et plutôt que d’augmenter drastiquement les prix pour couvrir le surcoût, les compagnies préfèrent oublier l’aéroport de Pokhara. Et se concentrer sur celui de Katmandou, même s’il vient d’ajouter de nouvelles contraintes horaires.

Ces dernières semaines, les autorités népalaises ont offert des avantages significatifs aux compagnies désireuses de s’implanter à l’aéroport de Pokhara. Tarifs réduits sur le kérozène, suppression de la TVA sur les ventes de billets, discount sur les frais de prise en charge des avions au sol. Tous ses avantages n’ont pour l’instant pas réussi à convaincre une seule compagnie.

Illustration © Ramnam – CC BY-SA 4.0

Notez cet article

Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

Voir tous les articles de Arnaud P →