moines Bhoutan

Episode 13 – Des moines, du piment et un assassinat !

Dans ce nouvel épisode de Bonheur et Dragon, nous allons découvrir essayer de mieux comprendre l’importance des moines au Bhoutan !

Attention. Ce podcast est issu d’une série que nous vous encourageons à découvrir dans l’ordre. Accédez aux épisodes précédents : Episode 1 | Episode 2 | Episode 3 | Episode 4 | Episode 5 | Episode 6 | Episode 7 | Episode 8 | Episode 9 | Episode 10 | Episode 11 | Episode 12.

Les moines sont partout

Régulièrement ces scènes se répètent. Ce jour-là, près de 15.000 fidèles se réunissent réunis pour écouter les enseignements d’un maitre bouddhiste venu tout droit du Tibet. C’est la foule des grands jours au pied de l’immense statue de Buddha qui domine Thimphu. Certains dorment sous la tente dans les forêts alentours. Parmi les milliers de croyants venus de tout le pays, une majorité de moines et de nonnes, reconnaissables à leur tenue bordeaux. Ils ont dans ce pays une place à part, soutenus financièrement par les deniers publics, ils consacrent leur vie à la religion et accompagnent tout un chacun dans les étapes importantes de la vie : naissances, maladie, décès.

Un petit groupe, membres de la Commission des Affaires Monastiques du pays, est particulièrement proches du pouvoir. Le roi nomme leur leader, le Je Khenpo. Si la mission de ces institutions monastiques est bien de promouvoir et préserver le bouddhisme dans le pays, le Je Khenpo est aussi considéré comme l’un des plus proches conseillers du roi. Il est d’ailleurs le seul, avec le roi, à porter une écharpe safran sur son costume traditionnel. Les liens avec la monarchie sont plus profonds, le Je Khenpo actuel serait la réincarnation du maître spirituel de Jigme Wangchuk, le second roi du Bhoutan.

Quand Bhoutan rime avec piment

Au pied de l’impressionnant Buddha doré de plus de 50 mètres de haut, on domine la capitale. Et ici aussi, plusieurs toits sont recouverts de rouge. Ema, c’est ce dont il s’agit. C’est le mot Dzonghka pour désigner le piment. Oui ce sont les récoltes de piments qui sont en train de sécher sur les toits. Dans toute une partie du pays, on retrouve ces petits légumes rouges, parfois verts, partout. Ici, il n’est pas un repas sans piment et les palais occidentaux ont tôt fait de prendre feu avec les doses locales. Le Ema-Datshi, l’un des plats favoris des Bhoutanais, est un mélange de piments et de fromage.

Il vous faut un peu de piment vert frais, du piment rouge frais, puis du piment séché. Mais aussi du Datschi ou du Churri, c’est du fromage bhoutanais à base de lait de vache ou de yak. Pourquoi pas du cheddar rapé, de l’ail, de l’oignon, de la tomate, du beurre et du sel. Vous commencez par faire cuire les légumes et en fin de cuisson vous ajoutez les fromages. Dans le temps, on attribuait aussi aux piments des pouvoirs supplémentaires. On en brûlait pour faire fuir les mauvais esprits des habitations.

  

1964 : qui a tué le Premier Ministre ?

La plupart des changements au Bhoutan ont été pacifiques, comparativement à bien d’autres pays du globe. Pourtant c’était mal parti, sous le règne du troisième roi. Le 5 avril 1964, Jigme Palden Dorji, premier ministre et beau-frère du roi, meurt. Assassiné. Plusieurs hauts gradés de l’armée, dont un oncle du roi, sont rapidement arrêtés, jugés et exécutés pour leur implication dans ce meurtre. Une affaire qui ne manque pas de piquant, car l’arme du crime était réputée appartenir à la maitresse du roi, une tibétaine du nom de Yangki. Avec son père elle avait beaucoup d’influence dans la capitale et auprès de l’armée.

A Thimphu, certains vous expliqueront que le roi, craignant de perdre le pouvoir au profit de son très populaire premier ministre et sa famille, avait commandité cet assassinat. Des tentatives de coup d’Etat eurent lieu dans les mois et les années suivantes. Mais les mobiles derrière cet assassinat et ces tentatives de coup d’Etat sont flous. Les enquêtes, gravitant au plus haut niveau du pouvoir, n’ont jamais été concluantes. Probablement que les luttes de pouvoir croissantes dans une société en pleine transformation n’y sont pas étrangères. Perdant une part de leur pouvoir historique, les conservateurs pouvaient avoir des raisons de résister aux tenants du changement. La situation est nettement plus apaisée aujourd’hui.

CREDITS. Images d’illustrations, Interviews, enregistrements au Bhoutan © Altitude. | Bruitages additionnels et musiques d’illustration © Pixabay. | Headphone © Flat Icon / Freepik | Traductions et doublages assurés par Clémence Bout et Albin Digue du Master Rédacteur Traducteur de l’Université de Bretagne Occidentale. | Ecriture et voix-off : Arnaud Palancade. | Sources complémentaires : Extrait radiophonique Yeshey Choden, Choe ra enn | Zhung Dratshang, the central Monk Body of Bhutan, The Druk journal, 2015. | Chillies, a spicy affair in Bhutan, Dailybhutan, 2022. | Premier of Bhutan killed by assassin, New York Times, 1964. | The history of Bhutan, Karma Phuntsho, 2014.

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