George Mallory vers everest

Vers l’Everest : George Mallory, l’écrivain alpiniste !

Cette semaine paraitra Vers l’Everest, une compilation de textes écrits par George Mallory. Cet alpiniste britannique disparu il y a tout juste 100 ans, en 1924. Alors qu’il tentait l’ascension du toit du monde. Pour la première fois traduits en français par les Editions Guérin, les écrits de Mallory permettent de mieux le connaître, et de mieux suivre son parcours fulgurant vers les sommets.

On l’accompagnera dans ses découvertes alpines. On lira sa description des sommets himalayens lors de l’expédition de 1921. Ses réflexions à l’issue de l’expédition de 1922. Ou encore les lettres envoyées à sa femme Ruth lors de la tragique expédition de 1924. Il y parle de son ascension à venir qu’il croit pouvoir réussir. « Je pense pas que tu seras déçue » écrit-il à son épouse restée en Angleterre avec leurs deux filles.

George Mallory, l’écrivain

Mais au-delà de sa participation majeure à une des pages de l’histoire de l’alpinisme, Mallory nous fait ici une autre démonstration. Celle de ses talents d’écrivains. La littérature de montagne a ceci de frustrant que celles et ceux qui réalisent les exploits les plus incroyables à raconter ne sont pas toujours les plus à même de le faire. Mallory, lui, savait manier la plume. Le traducteur de l’ouvrage, Charlie Buffet, nous parle fort à propos de « l’œuvre littéraire » de Mallory. Mallory lui-même réfléchit à l’écriture…

« Si l’on en demande pas trop, bien des écrivains sont capables de nous satisfaire à cet égard. Nous pourrions être comblés, sans être émus aux tréfonds, par qui saurait nous transmettre ce qu’il a éprouvé esthétiquement ; sans forcément partager avec lui tout ce qu’il a vécu, nous pourrions, s’il en parle simplement, être simplement heureux de voir qu’il a ressenti ce que nous aussi sommes capables de ressentir. Mais les alpinistes qui écrivent ne réussissent généralement pas, même dans une faible mesure. S’ils ont l’audace de tenter un coucher ou un lever de soleil, nous doutons trop souvent en les lisant qu’ils aient ressenti quoi que ce soit – et cela, même si nous savons qu’ils sont accoutumés à ressentir ce que nous ressentons nous-mêmes ».

Dans l’incapacité de nombre d’alpinistes à partager leurs émotions avec des mots, Mallory ne voit pas tant le manque de talents artistiques des grimpeurs. Mais bien la contrepartie d’un phénomène qui l’amène à comparer une journée en montagne à une symphonie. Un seul mouvement ne déclenche pas seuls des émotions, mais relié au reste. 

« Nos expériences esthétiques des levers et couchers du soleil, des nuages et de l’orage ne nous semblent pas être des faits d’une suprême importance en termes d’alpinisme ; il nous est impossible de les isoler, de les cataloguer et de les décrire individuellement comme des expériences. Pourtant elles ne sont pas accessoires en alpinisme, mais en constituent une partie vitale et indissociable du tout ; elles ne sont pas ornementales, mais structurelles ; ce ne sont pas des éléments épars déclenchant des émotions, elles forment un ensemble émotionnel cohérent. Ce sont des bassins d’eaux cristallines qui n’existent que par le courant qui les traverse. »

Vers l’Everest, George Mallory, traduction Charlie Buffet, Editions Guérin, 25€ | Disponible chez votre libraire ou en commande en ligne (parution 15 février 2024)

Illustration (c) Editions Guerin

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Adélie F.

Libraire, Adélie partage avec vous sa passion pour les livres. La littérature de montagne est un vaste domaine qu'elle essaie de vous faire partager. Entre les montagnards et autres alpinistes qui s'essaient à l'écriture et les grands écrivains qui s'essaient à la montagne, les lectures ne manquent pas ! Elle chronique également des films, expos... Pour la contacter directement : adelie@altitude.news !

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