Les scientifiques parlaient d’anomalie. L’anomalie Pamir-Karakoram. Les glaciers de toute une région refusaient de fondre. Dans le même temps, sur tout le reste de la planète, leurs homologues perdaient du terrain souvent de manière très spectaculaire. Mais cette anomalie appartiendrait désormais au passé.
Les montagnes du Pamir, en Asie centrale, abritent une partie essentielle du « troisième pôle ». Une vaste réserve de glace cruciale pour des dizaines de millions de personnes. Longtemps considérés comme une exception dans un monde en réchauffement, certains glaciers du Pamir semblaient résister au changement climatique, voire gagner en masse. Cette « anomalie du Pamir-Karakoram » suscitait de nombreuses interrogations parmi les chercheurs.
La fin de l’anomalie Pamir-Karakoram
Mais selon une étude récente menée au Tadjikistan et publiée dans Nature en septembre dernier, cette stabilité ne serait plus qu’un lointain souvenir. Depuis 2018, les observations montrent que les glaciers commencent à perdre de la masse. Notamment en raison d’une baisse des chutes de neige. Cette réduction des précipitations pourrait même être plus ancienne mais le manque de données historiques complique la tâche des chercheurs.
Ce basculement représente un enjeu majeur pour l’Asie centrale. L’eau issue des glaciers est indispensable à l’agriculture, à la production d’énergie et à l’approvisionnement de près de 80 millions de personnes. La diminution des précipitations neigeuses, combinée au réchauffement de l’atmosphère et au dépôt de poussières qui accélèrent la fonte, pourrait accentuer les pénuries d’eau. Dans une région déjà sensible aux tensions géopolitiques, le risque de conflits autour du partage des ressources hydriques s’accroît. Les pays situés en amont cherchent à remplir leurs réservoirs pour produire de l’électricité. Ceux en aval dépendent de l’eau pour irriguer leurs cultures.
Seule once d’espoir, l’incertitude autour de la suite… Ces conditions de sécheresse pourraient évoluer à l’avenir, différentes projections d’ici à la fin du siècle dessinent une augmentation des précipitations en Asie centrale. Pour l’heure, les chercheurs observent l’inverse.
Illustration -paysage de l’Hindu-Kush © Pixabay
