C’est une terminologie mystérieuse pour tout nouvel arrivant dans la région de l’Everest. La Western « Cwm » n’est pourtant pas une faute de frappe, ni un cas isolé d’emprunt à une langue européenne.
Cwm. Trois lettres au premier abord imprononçables. Parfois traduite en « Combe Ouest », la Western Cwm est une vaste vallée glaciaire en forme de cuvette. Elle se situe sur le versant népalais de l’Everest, à environ 6 000 mètres d’altitude. Ce lieu mythique, emprunté par la plupart des alpinistes qui s’attaquent à l’ascension du toit du monde par la voie sud, est à la fois fascinant et redoutable. Entourée de sommets emblématiques comme le Lhotse, le Nuptse et l’Everest lui-même, la Western Cwm est un passage obligé entre le camp 1 et le camp 3. Bien qu’elle soit relativement plate, ce sont ses températures extrêmes qui la rendent redoutable. Les rayons du soleil s’y réverbèrent sur la glace. Créant un véritable effet de serre que les grimpeurs ressentent comme un four à ciel ouvert. Et dès que le soleil se cache, les températures chutent de plusieurs dizaines de degrés.
Ce qui rend la Western Cwm encore plus singulière, c’est son nom. Le mot « Cwm » (prononcé « koum ») est un terme gallois qui signifie « vallée ». Ce mot n’existe dans aucune autre langue, et son usage pour désigner cette région de l’Himalaya constitue un vestige des premières expéditions britanniques. Dans les années 1920, les explorateurs venus du Royaume-Uni ont été les premiers à cartographier ces zones et, influencés par leur culture d’origine, ont baptisé cette dépression glaciaire du nom gallois de « Cwm ». Le mot a perduré, transmis par la tradition alpiniste, jusqu’à devenir un terme reconnu internationalement.
Mais aussi des mots français, allemands
Ce mot gallois n’est pas le seul emprunt aux langues des premiers aventuriers des cimes himalayennes. On parle de cols pour désigner le South Col ou le North Col de l’Everest. On reconnait là le mot français. Les sherpas parleront de bergschrund, le terme vient de l’allemand, pour désigner la rimaye (la crevasse entre la paroi rocheuse et le glacier). Quant à ces grands blocs de glace qui peuvent vous tomber sur la tête, les séracs, le mot originaire du français de Suisse romande est utilisé tel quel, internationalement. A la base, c’est un fromage blanc et compact. Par analogie, c’est devenu le bloc de glace en question. Le mot français couloir est aussi très utilisé. Le fameux Hornbein couloir sous le sommet de l’Everest par exemple.
Illustration © CC0 – NASA