vue de Briançon

Le maire LR de Briançon veut fermer la porte aux migrants

A Briançon, la nouvelle majorité municipale prend le contrepied de la précédente s’agissant de la politique d’accueil des migrants qui traversent les Alpes. Les associations, très engagées sur le terrain, devront renoncer au Refuge, un lieu ouvert aux exilés de passage. Les migrants, eux, risquent fort de se retrouver à la rue.

Il faut fermer le refuge !

Depuis 2017, une ancienne caserne de CRS de Briançon s’était transformée en « refuge ». Un lieu de passage pour aider les migrants arrivant par la montagne à reconstituer leurs forces avant de poursuivre leur route. Propriété de l’intercommunalité, le bâtiment était mis à disposition d’une association via une convention arrivée à échéance en juin. La mairie ne souhaite pas reconduire cette convention. Solution proposée : fermer le refuge.

Solidarité et hospitalité

En 3 ans, ce sont quelques 10.000 migrants qui ont pu s’arrêter là, quelques heures ou quelques jours. Plutôt que dormir dans la rue (et ses températures souvent hostiles), les exilés pouvaient jusqu’alors se reposer avant de repartir. Pour certains, le passage de la frontière alpine s’était révélé bien plus périlleux que la traversée de la Méditerranée sur un canot. Mal équipés, mal informés sur les dangers de la montagne, plusieurs migrants sont arrivés en hypothermie, ont du se faire amputer d’extrémités gelées… Certains ne sont jamais arrivés jusqu’à Briançon. C’est dans ce contexte que des associations ont choisi de « tendre la main » aux migrants. Soutenues par la majorité d’alors (Divers gauche), un mouvement de solidarité s’était fait jour. Comme le raconte Stéphanie Besson dans son livre Trouver Refuge. Une démonstration d’humanité mue par l’urgence du terrain désormais niée par une nouvelle équipe municipale.

Un appel d’air à relativiser

Elu en juin dernier, le Conseiller Départemental Les Républicains Arnaud Murgia veut faire cesser « l’appel d’air qui a été créé de toutes pièces par les autorités municipales et mis en application par des associations » (Le Monde.fr 16 sept). Un appel d’air à relativiser. 10.000 migrants en 3 ans. Une goutte d’eau à l’échelle de la crise migratoire qui secoue le bassin méditerranéen depuis 2014. Depuis cette date, quelques 1.8 million de migrants (source HCR) ont rejoint l’Europe. Fermer ce refuge mettrait ainsi fin à l’arrivée régulière de migrants par les cols des Alpes ? La rhétorique de l’ « appel d’air » a de quoi questionner…

Un avenir incertain pour les migrants et pour les Briançonnais

L’association défend pourtant son action à l’aune des prérogatives de la commune. Le Refuge a permis que « personne depuis 3 ans ne dorme dans la rue, ce qui nous a permis aussi d’assurer une veille sanitaire, une tranquillité pour les Briançonnais puisqu’il n’y a eu aucun trouble à l’ordre public » expliquait Philippe Wyon, membre du conseil d’administration de Refuges Solidaires (Interview RAM05) . Les échanges avec la nouvelle majorité n’ont pas permis de trouver de solution à même de satisfaire toutes les parties. « Pour Monsieur Murgia, il semble que ce ne soit pas un problème que des gens se retrouvent à la rue, sans accueil, sans abri » continue Philippe Wyon.

L’Association bénéficie d’un délai de 2 mois pour quitter le Refuge. Avec cette fermeture, prévue à l’approche de l’hiver, les migrants risquent fort de se retrouver dans les rues de Briançon. A la période où les conditions climatiques y sont les plus dangereuses.  

Illustrations © Alessio Sbarbaro – CC BY-SA 2.5

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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