chhaupadi

Népal : les traditions discriminatoires liées aux menstruations persistent !

Dans certaines régions du Népal, une tradition dégradante, le Chhaupadi, exclut les femmes qui viennent d’accoucher et pendant leurs menstruations. Une réalité qui peine à reculer.

Au Népal, la lutte contre le Chhaupadi a refait surface dans l’actualité. Cette pratique, illégale mais ancrée dans les traditions, oblige les femmes à s’isoler dans des huttes lors de leurs menstruations ou après l’accouchement. En juin dernier, Kamala Aauji, une femme de 32 ans, est morte mordue par un serpent. Elle se trouvait dans une de ces cabanes. Sa disparition a provoqué une réaction rapide. Dans plusieurs municipalités de l’Ouest du Népal, les autorités ont employé les grands moyens. A Bedkot et Krishnapur, elles ont démoli près de 150 abris menstruels et annoncé des sanctions pour toute reconstruction. Bien que criminalisé depuis 2017, le Chhaupadi continue de résister aux lois. Porté par des croyances ancrées et la crainte de représailles divines.

Cette persistance illustre le fossé entre avancées légales et réalités sociales. Dans les provinces de Sudurpaschim et Karnali, même des élues locales qui avaient mené des campagnes contre le Chhaupadi se retrouvent contraintes de s’y soumettre. Sous pression communautaire et par peur de défier les divinités. Les autorités locales et la police admettent que, malgré la sensibilisation, le respect de la loi reste symbolique. Beaucoup affirment ne plus pratiquer le Chhaupadi, tout en continuant à l’observer en secret.

Une tradition qui se répand dans le pays

La mort de Kamala Aauji n’est pas seulement une tragédie individuelle. Elle illustre aussi l’évolution inquiétante du Chhaupadi. Longtemps associé aux villages isolés des montagnes de l’Ouest, ce rituel discriminatoire gagne désormais les plaines du Teraï. Un mouvement porté par les migrations internes. La famille de Kamala, originaire du district montagneux d’Achham, s’était installée dans les plaines pour une vie plus stable. Malgré un nouveau foyer en dur, la petite hutte de boue attenante – le chhaugoth – est restée en usage. Symbole de traditions qui suivent les familles même lorsqu’elles quittent les hauteurs reculées.

Cet enracinement progressif du Chhaupadi dans des régions où il n’était pas pratiqué jusque-là inquiète les autorités locales. Il démontre que la lutte ne peut pas se limiter à la démolition des cabanes. La pratique migre avec les populations. Et elle continue d’exposer les femmes à des dangers bien réels – morsures de serpent, agressions sexuelles, attaques d’animaux sauvages. Mais au-delà des risques physiques, le Chhaupadi incarne surtout une humiliation permanente. Etre rejetée chaque mois dans une hutte délabrée parce qu’on est considérée comme « impure » marque profondément les femmes, les enfermant dans un statut social d’infériorité et de honte.

Cette réalité contraste avec certains signes d’avancée notoires dans les grandes villes. Les femmes y acquièrent davantage de visibilité et de responsabilités. Jusqu’à la nomination récente de la première femme Première ministre du pays. Mais dans la majorité des zones rurales, l’égalité entre hommes et femmes reste une chimère lointaine. La condition des Népalaises demeure prisonnière de traditions discriminatoires comme le Chhaupadi. Elles rappellent cruellement que la reconnaissance politique des femmes au sommet ne garantit pas encore leur dignité et leur sécurité au quotidien.

Illustration – village du district de Karnali, Népal © Pixabay

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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