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Le futur du Bhoutan mis en danger par la fuite de ses cerveaux

Elles ont repris de plus belle depuis la réouverture du pays en 2022. Les migrations vers l’Australie font craindre une véritable fuite des cerveaux dommageable pour le développement du Bhoutan.

La Banque mondiale a publié ces derniers jours un nouveau rapport. Il s’intitule Migration Dynamics in Bhutan: Recent Trends, Drivers, and Implications. Il met en lumière l’ampleur et les conséquences de l’émigration croissante des Bhoutanais en particulier vers l’Australie. Elle concerne surtout les jeunes diplômés et les professionnels qualifiés du pays. S’appuyant sur les échanges de la South Asia Mobility Conference (2024), le rapport dresse le profil des migrants actuels et potentiels. Il identifie les principaux facteurs qui alimentent cette dynamique. Et propose des pistes de politique publique pour y répondre. Selon Xavier Furtado, directeur de la Banque mondiale au Bhoutan, cette vague migratoire traduit à la fois une montée des aspirations. Mais aussi le besoin urgent de créer davantage d’emplois de qualité dans le secteur privé.

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L’étude souligne que les migrants sont nettement plus jeunes et instruits que la moyenne de la population active. 53 % d’entre eux détiennent un diplôme universitaire, contre seulement 7 % au niveau national. Près de la moitié proviennent de la fonction publique. Avec une concentration dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Ils ont connu en 2024 près de 70 % des démissions volontaires. Cette fuite des compétences fragilise le capital humain du pays. Au moment où ces domaines sont essentiels pour soutenir les progrès du développement.

Ils accepteraient de revenir pour une somme impensable au Bhoutan

Les écarts de salaires et d’opportunités expliquent en grande partie ce phénomène. Alors que la majorité des migrants gagnaient moins de 380 Euros par mois au Bhoutan, leurs revenus en Australie s’envolent. Ils dépassent très vite les 580 Euros. 40% d’entre eux gagnent plus de 2.100 Euros. Et ils accepteraient de revenir dans leur pays à condition d’y gagner au moins 1.000 Euros. Une somme impensable au Bhoutan.

Face à ces défis, la Banque mondiale recommande une approche intégrée visant à gérer la migration tout en maximisant ses bénéfices rappelle le quotidien Kuensel. Les priorités incluent la création d’emplois attractifs dans le secteur privé, la réforme de la fonction publique pour renforcer la satisfaction et la progression de carrière, ainsi que le développement de systèmes de formation et de certification pour limiter les pertes de compétences. Le rapport insiste aussi sur l’importance d’accompagner les migrants à chaque et de renforcer les liens avec la diaspora. Une telle stratégie, souligne Jumana Alaref, économiste principale et co-auteure du rapport, permettrait au Bhoutan de transformer une tendance préoccupante en opportunité pour son développement à long terme.

Illustration © Pixabay

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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