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Chamonix : l’empreinte carbone de l’UTMB est-elle le fond du problème ?

Plusieurs médias, des associations, des athlètes, s’inquiètent de la dimension prise par l’UTMB et de son impact sur Chamonix et sa fragile vallée. Est-ce que l’UTMB est le fond du problème ?

Chaque année, l’événement grandit un petit peu plus. Et les chamoniards sont partagés. Entre tout ce que cette grand-messe de l’Ultra-Trail apporte à la vallée, et tout ce qu’elle lui prend.

Conséquences d’un événement international

Pendant une semaine, des dizaines de milliers de visiteurs affluent à Chamonix et dans sa vallée. Et commerçants, hôteliers, restaurateurs s’en rendent bien compte. L’an dernier, les retombées sur le territoire auraient atteint les 23 millions d’Euros. En quelques jours seulement, la manne est bien palpable. L’économie locale, très dépendante du tourisme, s’en réjouit.

De l’autre, il y a cette surfréquentation de la vallée. Même précautionneux, des dizaines de milliers de spectateurs sur de modestes sentiers, certains au cœur de réserves naturelles, abiment. Les athlètes et leurs accompagnants qui viennent des quatre coins du monde sont partout. Le Bilan carbone de la manifestation est réputé comparable à un grand prix de Formule 1, notamment à cause des trajets de ces participants et spectateurs lointains. Et le récent partenariat de l’événement avec le constructeur de SUV DACIA envoie un message pour le moins ambigu.  

Derrière l’UTMB, le surtourisme…

Le problème est-il vraiment l’UTMB ? Un évènement international, qui attire beaucoup de monde et tente de réduire certains impacts. Qui met en place un réseau de 150 bus pour privilégier les déplacements collectifs. Qui intègre dans ses règles de courses des pénalités pour les coureurs et leurs proches s’ils jettent des déchets dans la nature. Ou qui nettoie 100% du parcours après chaque course.

Plusieurs semaines avant la course, les visiteurs étaient déjà là. Nombreux. Au Lac Blanc, 1.500 visiteurs arpentent chaque jour d’été les sentiers de randonnée. Les dégâts de la crème solaire ont obligé les autorités à en interdire la baignade. Des centaines de marcheurs ne respectent pas les sentiers balisés et piétinent la végétation de la Réserve Naturelle Nationale des Aiguilles Rouges. Ou bivouaquent sur place, laissant de fait certains déchets humains dans la nature. Mi-juillet, une centaine de tentes se dressaient ainsi dans un camping sauvage géant. La fréquentation dans cette réserve a presque doublé en une dizaine d’année.  

Et si tous les sites de la vallée de Chamonix ne sont pas aussi surfréquentés, ils accueillent nombre de touristes en été. Le seul téléphérique de l’Aiguille du midi a ainsi accueilli près d’1 million de visiteurs en 2022. Près de 850.000 pour le Montenvers et la Mer de Glace. Plus d’un demi-million pour le Téléphérique du Brévent. Le Pays du Mont Blanc (qui inclut Chamonix) a ainsi enregistré un peu moins de 5 millions de nuitées l’été dernier. Un chiffre en légère hausse mais équivalent à 2010 et en-deçà du début des années 2000.

Alors après tout, peut-être que la vallée de Chamonix ne peut absorber autant de monde et que le tourisme de masse mérite qu’on le règlemente. Que le tourisme doit être repensé. Ce tourisme qui représente presque 10% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. En Pays du Mont Blanc comme ailleurs. UTMB ou pas.

Illustration – Chamonix (c) Pixabay

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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