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Cimes et Bandits, un petit tour en Corse de Alf B. Bryn

Au début du XXème siècle, le Norvégien Alf Bryn s’installe à Zurich pour ses études. A l’Université, il rencontre un Australien, George Ingle Finch. Finch battait la montagne avec son frère Max, enchaînant les sommets. On leur devait notamment la première de la face nord du Castor (Suisse). George participa même à l’expédition britannique à l’Everest en 1922, il dépassa alors les 8.300 mètres. 1909, ils partirent tous les trois pour la Corse. Dans leurs affaires : chaussures à tricounis, cordes et piolets. L’alpinisme était encore affaire d’aventuriers… La voie Finch à la Paglia Orbia est un des vestiges de leur passage.  Coté D-, cet itinéraire d’une dizaine de longueurs vaut le détour.

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Dans Cimes et Bandits, paru pour la première fois en 1943 et traduit en français l’an dernier, Alf Bryn raconte cette aventure sur les montagnes de l’Île de Beauté. Non sans un certain humour, plus britannique que scandinave. Jugez-en plutôt avec cet extrait, concernant le financement de leur expédition…

Extrait de Cimes et Bandits

« Pour un étudiant étranger, il est difficile de se faire des rentrées d’argent supplémentaires, sauf en sollicitant auprès de sa famille les sommes nécessaires    à l’achat de livres ou d’instruments coûteux, sans réellement les acquérir, mais en se bornant à les emprunter aux amis. Côté livres, aussi bien pour George que pour moi, notre bibliothèque était déjà tellement virtuelle que cette piste ne pouvait même pas être envisagée.

— Mais j’y pense, s’exclama George après un instant de réflexion, j’ai un niveau à bulle !

Il faut savoir qu’il était étudiant en chimie, discipline qui d’ordinaire ne justifie pas vraiment l’usage d’un niveau à bulle. D’ailleurs ce n’était pas tout à fait le sien ; il l’avait emprunté à un de ses amis, étudiant en urbanisme. Et il avait même un acheteur, prêt à le lui payer 300 francs. Ce n’était pas aussi incongru qu’il y paraît : quiconque a étudié dans un établissement d’enseignement technique sait que l’on a toujours besoin d’un niveau à bulle. Vos parents vous envoie l’argent nécessaire pour en acheter un, vous le revendez illico à un camarade qui vient justement d’obtenir de ses parents l’argent nécessaire à son acquisition, et ainsi de suite. Au cours des quatre années que j’ai passées à l’Université de Zurich, je n’ai constaté l’existence que d’un seul niveau à bulle chez les étudiants scandinaves, lequel a pourtant dû coûter aux parents crédules la bagatelle de 15 000 francs par an – encore est-ce une estimation moyenne. »   

Cimes et Bandits, Un petit tour en Corse, Alf B. Bryn, Editions Nevicata, 15 € | Commander Cimes et Bandits

Illustration © Editions Nevicata

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Adélie F.

Libraire, Adélie partage avec vous sa passion pour les livres. La littérature de montagne est un vaste domaine qu'elle essaie de vous faire partager. Entre les montagnards et autres alpinistes qui s'essaient à l'écriture et les grands écrivains qui s'essaient à la montagne, les lectures ne manquent pas ! Elle chronique également des films, expos... Pour la contacter directement : adelie@altitude.news !

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