tremplin olympique Grenoble

Jeux de Grenoble 1968 : ce tremplin de saut à ski grignoté par la forêt !

Sur les hauteurs de Grenoble, le tremplin de saut à ski des Jeux Olympiques de 1968 n’est plus que l’ombre de lui-même. Ils sont loin les 70.000 spectateurs et les photographes du monde entier…

A l’heure où les Alpes planchent sur une nouvelle candidature pour les Jeux Olympiques d’Hiver de 2030, la question de la durabilité est sur toutes les lèvres. La réutilisation d’infrastructures existantes est privilégiée. Tout comme la construction d’équipements qui seront un héritage pour les populations locales. Cette approche n’est pas nouvelle, le stade olympique d’Albertville était ainsi démontable. Mais par le passé, héritage et reconversions n’étaient pas toujours au programme. Pour preuve le grand tremplin de saut à skis des Jeux de Grenoble (1968). Installé à Saint-Nizier-du-Moucherotte, à près de 1.200 mètres d’altitude.

Une vitrine pour les Jeux de 1968

Vanté dans le rapport du Comité International Olympique de l’époque comme « un des plus beaux tremplins du monde », l’installation de 90 mètres a vu sa construction débuter en 1966. Une piste d’élan avec un porte-à-faux. Une tour avec un ascenseur. Un tunnel pour accéder à la tour des juges. Des gradins pour le public. Une tribune d’honneur. Un centre de presse. A l’été 1967, les travaux étaient enfin terminés. De quoi accueillir 50.000 spectateurs au moins.

Il « n’y avait plus qu’à attendre la neige. Celle-ci fut longue à venir, aussi fallut-il en apporter » par héliportage. Une époque où la neige transportée par les airs passait pour une astuce moderne et non une hérésie environnementale. Si la neige peinait à tomber sur le site, c’est qu’il était loin d’être optimal au plan de l’enneigement, les organisateurs des Jeux le savaient mais avaient préféré un cadre photogénique. En surplomb de Grenoble, le tremplin permettait d’impressionnantes photos de skieurs survolant la ville.

Le tremplin de Grenoble : un site à l’abandon

Quelques semaines plus tard cependant, la nature se rattrapait et les militaires du « 27ème bataillon de chasseurs alpins » allaient passer des jours entiers à déneiger le site. Les compétitions se sont déroulées sans accroc et elles ont continué dix ans après les Jeux. La ville de Grenoble, et le syndicat intercommunal en charge de s’occuper du tremplin qu’elle contrôlait largement, laissent tomber le site. Faute d’usage, Grenoble abandonne son tremplin à la seule commune de Saint-Nizier-du-Moucherotte. A l’époque, le maire renonce à entretenir le site.

L’installation est depuis abandonnée. Son coût de démantèlement est trop important pour la petite commune de 1.100 habitants. Le tremplin est toujours là, peu à peu grignoté par la forêt. En 2018, l’association Mountain Wilderness a organisé le démontage des projecteurs du site retirant près d’une tonne de ferrailles. Entre temps, les Jeux d’Albertville n’ont pas sauvé Saint-Nizier-du-Moucherotte et ont choisi de construire de nouveaux tremplins à Courchevel.

Une « friche sportive »

Désormais, André Suchet parle d’une « friche sportive » dans ses travaux sur les ruines des Jeux olympiques de Grenoble. Fin 2022, la reconversion du site en lieu touristique mêlant « mémoire des jeux », « création artistique » et loisirs outdoor a été évoquée, soutenue par une association qui se bat pour tenter de faire survivre le site. Pour l’heure, le site s’abîme, d’autant que ses fondations en béton, coulées à la va-vite dans le froid de l’hiver 1966-67 manqueraient de solidité. La visite est interdite même si le lieu attire des jeunes qui se réunissent régulièrement à la nuit tombée, dans l’ombre de ce gigantesque fantôme de béton.

Illustration © Simdaperce – CC BY-SA 3.0 by Wikimedia Commons

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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