En tapant « sport le plus extrême » dans Google, j’ai eu plein d’idées. J’ai mis de côté le surf sur vagues géantes, ou la high-line en solo intégral. Et j’ai opté pour le Wingsuit. Basiquement, on enfile une tenue en forme d’aile et on saute d’une montagne. Et on vole. Enfin, c’est l’idée.
« C’est un sport de malade » raisonne dans ma tête lorsque je descends du train en gare de Chamonix, bien décidé à en découdre. A la Maison de la montagne, on me regarde bizarrement lorsque j’évoque le sujet du Wingsuit et mon envie d’essayer. Dans les écoles de parapente, c’est pareil, « ça ne s’improvise pas monsieur ».
Résultat, c’est dans un bar de la rue du Docteur Paccard que je rencontre un Wingsuiter. Un vrai. Il m’explique que les sauts sont interdits à Chamonix depuis plusieurs mois. Que je tombe mal. C’est le cas de le dire. Ce n’est pas la première fois que la commune interdit cette pratique mais cette fois, ça semble être pour de bon. Il m’explique que le dernier accident a été la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Un wingsuiter russe dont le parachute ne s’est pas ouvert est venu s’écraser en plein centre de Chamonix. On peut comprendre que les corps démembrés qui viennent décorer les terrasses remplies de touristes du monde entier, ça fasse mauvais genre. Pendant qu’il me raconte la formation que je vais devoir suivre, je sors discrètement mon téléphone.
Je tape « wingsuit Chamonix ». J’aurais peut-être dû le faire plus tôt. Tous les résultats contiennent le mot « mort », « décès » ou « crash ». Tout en l’écoutant, je commence à réfléchir à un plan B. Finalement le baptême de parapente…
Et t’as beaucoup sauté ?
Le site de l’Aiguille du Midi est, selon lui, un super spot. L’un des meilleurs de la planète. Plus de 2500 mètres de dénivelé en chute libre, c’est visiblement un must. Il faut dire que le cadre est incroyable, entre pics et glaciers. Jusqu’à l’interdiction de fin 2016, les wingsuiters devaient se conformer à des règlementations strictes, concernant les heures de vol notamment. Ils avaient aussi l’obligation de prévenir le PGHM avant toute tentative de saut.
Pour finir de liquider ma motivation, il ajoute : « t’as beaucoup sauté ? ». Euh. « en parachute ». Je sens que c’est une question piège. Si je lui dis que je n’ai jamais sauté, il ne va pas comprendre ce que je fais là. Je perdrais toute crédibilité. Je lui réponds « quelques-uns, je m’défends ». Il semble rassuré. Moi aussi. Il conclut « non parce qu’à moins de 200 sauts, tu peux pas débuter en wingsuit. Et ici c’est pas un endroit pour débuter ».
Ma bière finie, je reprends la direction de la gare. J’ai 200 sauts à faire avant de revenir.
Sympa l’anecdote et on s’y croirait.
Il faut aussi conseiller au candidat de prendre des renseignements sur les concessions au cimétière de Chamonix. Je ne sais pas s’il y a encore beaucoup de places.
Vous connaisez ce site qui raconte aussi de façon décalée des histoires de montagne : https://summit-day.com/
Qui ne connait pas Summit-Day ? 🙂