Anna Bagenholm hypothermie

Accident de ski : elle ressuscite après plusieurs heures d’hypothermie !

En 1999, une étudiante en médecine profite d’une belle journée de ski sur les pentes d’une montagne de Norvège. Mais un accident tragique va la précipiter dans la mort. Ou presque. Une histoire d’hypothermie « miraculeuse » va transformer le dénouement de ce drame.

Anna Bågenholm est née en 1970. Lorsqu’elle étudie encore la médecine, elle s’installe à Narvik, Norvège. Elle commence à travailler comme assistante d’un chirurgien dans l’hôpital de cette petite ville scandinave. Vivre dans cette région, c’est une chance pour Anna qui adore skier. Dès qu’elle en a l’opportunité, elle quitte sa blouse blanche pour chausser ses skis et partir dans les montagnes environnantes. Elle a 29 ans le 20 mai 1999 et profite d’une belle journée de printemps pour skier avec deux collègues, Torvind et Marie. Il faut juste penser à ne pas rentrer trop tard, la journée doit se conclure par le pot de départ en retraite d’un médecin de l’hôpital qu’Anna apprécie particulièrement.

Anna perd le contrôle de ses skis

Lors d’une descente sur une pente un peu plus abrupte que les autres, Anna perd le contrôle de ses skis. En quelques secondes, elle dévie de sa trajectoire et plonge dans un torrent dont la surface gelée ne résiste pas au choc. En quelques secondes, elle commence à couler dans l’eau gelée, à travers le trou qu’elle vient elle-même de créer dans l’épaisse couche de glace. Ses vêtements se gorgent d’eau et elle se retrouve piégée dans un véritable congélateur. Marie et Torvind ne tardent pas à arriver à sa hauteur mais sont pétrifiés. Seuls les skis et les pieds de leur amie émergent de la glace.

Tentatives de sauvetage

Ils se jettent sur elle pour tenter de la tirer de son piège mais ils n’y parviennent pas. Quelques minutes passent avant que les secours soient prévenus. Heureusement, le réseau mobile fonctionne bien dans le secteur. Quand la première équipe de sauveteurs arrive sur place, à ski, leur tentative de tirer Anna de la rivière est également un échec. Elle est tombée dans l’eau à 18h20. Très vite, elle parvient à trouver une poche d’air sous la glace pour respirer mais le froid est terrible. Vers 19h, son corps est à l’arrêt, comme congelé.

Il faut attendre la deuxième équipe de secouristes, mieux équipés, qui parviennent à briser la glace autour d’Anna. Ils la sortent de l’eau à 19h40. Elle ne respire plus, son sang ne circule plus. A bien des égards, elle semble bel et bien décédée. Mais les secours ne veulent pas y croire et commence la réanimation cardio-pulmonaire. Une opération qui durera tout le trajet dans l’hélicoptère jusqu’à l’hôpital de Tromso.

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Evacuation et tentative de miracle

Pendant le vol, l’assistance respiratoire et le défibrillateur ne donnent rien. Quand elle arrive à l’hôpital à 21h10, la température corporelle d’Anna est de 13.7°C. Le médecin urgentiste qui la prend alors en charge a l’habitude des hypothermies mais pas d’une telle ampleur. Toute une équipe va se mobiliser pendant les 9 heures suivantes pour tenter de sauver la vie d’Anna, ou ce qu’il en reste. Son sang est extrait de son corps puis réchauffé avant d’être réinjecté. A 22h15, le premier battement cardiaque est enregistré mais rien n’est gagné. Au milieu de la nuit, elle est officiellement déclarée en vie mais plusieurs organes dysfonctionnent.

Elle restera près d’un mois sous assistance respiratoire, en partie paralysée par le choc violent dont elle a été victime. Plusieurs mois en soins intensifs plus tard, son cas s’améliore de façon spectaculaire. A force de rééducation, sa paralysie recule et en octobre de la même année, elle est de retour au travail. Dix ans plus tard, à quelques symptômes mineurs près, elle a totalement récupéré. Anna Bågenholm est désormais radiologue dans l’hôpital qui lui a sauvé la vie, mariée à Torvind, et titulaire d’un incroyable record. Celui de la survie avec la plus basse température corporelle suite à un accident.

L’explication rationnelle : l’hypothermie thérapeutique

Les médecins expliquent ce « miracle ». Suite à son accident, le corps d’Anna a eu le temps de refroidir de façon significative avant que le cœur ne cesse de battre. A basse température, les cellules (notamment celles du cerveau) n’ont pas besoin d’autant de carburant pour fonctionner. Et le patient peut donc rester un certain temps sans que cœur et poumons ne fassent leur boulot. Ce mécanisme est utilisé pour sauver certains patients dont on baisse volontairement la température, pratiquant volontairement une « hypothermie thérapeutique ».  

Illustrations – le type d’hélicoptère qui a transporté Anna © ThorRune by Wikimedias | CC By-SA 3.0

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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