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Drame au Nanga Parbat : la française Elisabeth Revol attend les secours

La française Elisabeth Revol et le Polonais Tomek Mackiewicz s’apprêtent à passer une nouvelle nuit sur les pentes du Nanga Parbat quelque part entre 7.000 et 8.000m d’altitude (Himalaya pakistanais).

Après une tentative au sommet qui aurait tourné court, ils ont appelé à l’aide dans la nuit de jeudi à vendredi. A presque 7.300m, l’alpiniste polonais souffrirait d’ophtalmie des neiges (une cécité temporaire mais très handicapante due à l’exposition trop soutenue aux rayonnements solaires). Après plusieurs jours à des altitudes élevées, ils pourraient également souffrir de gelures. Un temps évoqué, le mal d’altitude dont souffrirait Tomek n’a pas été confirmé à ce stade. L’état de santé de la française semblait moins préoccupant. Elle aurait réussi à descendre de quelques centaines de mètres après avoir installé Tomek dans une tente. Plusieurs sources confirment qu’elle était aux alentours de 6.700m lors de la dernière communication.

Nous ne disposons pas d’information concernant son équipement et sa capacité à s’abriter. Cependant l’un comme l’autre n’en sont pas à leur première nuit à une telle altitude et sont très expérimentés.

L’organisation du sauvetage

Lancer une opération de secours dans cette région à cette période de l’année est une mission particulièrement délicate. Les ambassades françaises et polonaises à Islamabad (Pakistan) ont finalement mis sur pied un plan en collaboration avec les autorités pakistanaises.
Un temps mise en stand-by pour des questions de garantie financière, cette opération de secours a finalement reçu le feu vert du ministre polonais des sports. La Pologne paiera donc la facture. Même si l’opposition politique au gouvernement en place s’est empressée de s’émouvoir de la rapidité avec laquelle on débloquait de l’argent pour « sauver des inconscients » au bout du monde.

Pas avant demain

Il faudra attendre les premières lueurs de l’aube, demain matin, pour que deux hélicoptères militaires pakistanais décollent de leur base. Ils se rendont alors au camp de base du K2 (où une expédition d’envergure est également organisée cet hiver). Ils y récupèreront 4 grimpeurs et du matériel de secours, comme des bouteilles d’oxygène. Ces 4 alpinistes sont Adam Bielecki, Piotr Tomala, Jarek Botor et Denis Urubko. Marek Chmielarski s’ajoutera aux 4 autres si la taille des hélicos le permet. Ils sont tous très aguerris et surtout déjà en partie acclimatés aux hautes altitudes. Ils vivent à plus de 5.000m depuis plusieurs semaines maintenant. Bielecki connaît très bien le Nanga Parbat pour y être venu pendant l’hiver 2016. Leur tactique est de se séparer en deux cordées : une première rapide qui tentera de monter le plus vite possible à 7.300m, une seconde en soutien, prête à aider si nécessaire.

Avec l’évolution de la météo, la suite des événements est très incertaine. Les hélicoptères ne pourront pas se poser à une altitude très élevée. Il est possible qu’ils tentent d’atteindre les 6.000m mais ils n’iront probablement pas beaucoup plus haut. Si les conditions ne sont pas optimales, les pilotes devront se résoudre à se poser au camp de base. Ce sera alors aux alpinistes de prendre le relais et de progresser vers le sommet. Les vents attendus à l’altitude du sauvetage pourraient dépasser les 80/90 km/h, les températures ressenties pourraient descendre jusqu’à -60°C. Autant dire que l’opération est très risquée.

La bonne nouvelle est que la météo au camp de base du K2 et sur le trajet jusqu’au Nanga Parbat devrait être correcte demain matin. La première partie du vol devrait donc se dérouler sans encombre.

EN SAVOIR PLUS > Détail du déroulé de la journée

 

Un sommet redouté

Le Nanga Parbat n’est que le 9ème sommet le plus haut de la planète. Il n’en reste pas moins très délicat à conquérir. Ce n’est qu’en 2016 qu’il a été gravi pour la première fois en hiver ! Conquis pour la première fois par les Allemands en 1953, cette montagne fut le théâtre de nombreuses catastrophes. De l’expédition de 1937 où 16 grimpeurs furent emportés par une avalanche à l’été 2013 où des Talibans avaient perpétré un terrible attentat au camp de base, tuant 11 athlètes.

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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