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Denis Urubko : parti seul sur le K2

UPDATE 26.02.18 à 8h45 : Denis descend. Il a fait demi-tour. La météo a eut raison de cette tentative en solo. Il a rejoint le Camp 2 et va probablement continuer sa descente. L’équipe de Krzysztof Wielicki avait préparé un secours éventuel en faisant monter des hommes sur la montagne, équipés d’oxygène. Mais Denis Urubko est descendu par ses propres moyens, visiblement avant d’être mis en difficulté. Son départ, considéré un temps comme une trahison avait finalement été pris très au sérieux par l’expédition qui lui prédisait une fin tragique, tant les prévisions météo étaient mauvaises. D’une certaine manière, tout est bien qui finit bien.
Qu’en est-il de l’expédition ? Retenteront-ils quelque chose dans les jours qui viennent ? En tout état de cause, le sommet ne sera pas atteint avant fin février. 

Article initial du 25.02.18 à 19h37.

C’est la surprise du week-end. Alors qu’Alex Txikon jouait la prudence sur l’Everest en faisant demi-tour face au vent violent, un des membres de l’expédition polonaise au K2 avait une approche nettement plus risquée. Cet alpiniste, c’est Denis Urubko. Samedi matin, après avoir tenté de convaincre ses camarades puis son comparse Adam Bielecki, il a pris la décision de monter seul.

Pour lui, l’hiver himalayen – la période où le climat est le plus hostile – s’étale du 1er décembre au 28 février. Alors pour une tentative hivernale, son chrono tourne. Dans 3 jours, ce sera la fin de cette période. Au camp de base, la stratégie était d’attendre une possible accalmie les premiers jours de mars. Sans garantie de grimper un jour, la météo étant très changeante dans cette région du monde.

Alors il est parti, seul sur le K2, sans même s’encombrer d’une radio. Il s’est élancé sitôt le petit déjeuner terminé. Son compagnon de cordée, Adam Bielecki a annoncé « être très inquiet ». Il faut dire qu’une ascension en solitaire au K2 est une entreprise périlleuse. Une ascension hivernale à plusieurs n’a jamais été réalisée. Alors une hivernale en solo est complètement inédite et surtout vraiment risquée.

En novembre dernier, il affirmait pourtant que sa stratégie se voulait collective : « c’est mieux d’avancer avec tout le monde ! » disait-il. (Relire cette interview de Novembre 2017).

La voie des Abruzzes

Denis Urubko connaît bien le K2. Il était déjà à son sommet en 2007. Entre temps, il a réalisé des ascensions hivernales sur plusieurs « 8.000 »  (première au Makalu en février 2009, au Gasherbrum I en février 2011). Mais cette saison, il n’a pu reconnaître cet éperon des Abruzzes que jusqu’à 7.400 mètres. L’expédition avait commencé sur une autre voie et s’est finalement rabattue sur la voie la plus empruntée sur le K2 : la voie des Abruzzes il y a quelques semaines.

Urubko, lui, plaidait pour tester une autre voie, côté Est. Mais le chef d’expédition, Krzysztof Wielicki, n’avait rien voulu entendre. Les deux se connaissent bien, Wielicki rappelait ce matin « nous sommes amis, qu’il n’ait pas voulu me répondre à la radio au camp 1 est d’autant plus dur ». En effet, au passage au Camp 1 – le seul occupé sur son passage – il n’a pas voulu répondre aux appels radios du chef d’expédition.

Au-dessus de 7.400 mètres, il va découvrir l’état de la voie. S’il est possible que des cordes fixes des expéditions de l’été dernier soient encore utilisables, on ne connait rien des conditions de neige, de glace, etc…

Mais où est-il ?

A l’heure qu’il est, on estime qu’il a passé la nuit de samedi à dimanche au Camp 2. Il avait en tous les cas franchi le Camp 1. Etant donnée la météo de ce dimanche, clémente, il est probable qu’il ait pu atteindre le Camp 3 au-dessus de la Black Pyramid : à 7.200 mètres. Mais ce ne sont que des suppositions.

Assez bien acclimaté – il a passé deux nuits à plus de 7.000 mètres – il risque de faire face à des conditions météo assez difficiles, que l’acclimatation ne rendront pas plus simples. Le vent souffle et va se renforçant dans les jours à venir. Espérons qu’il soit redescendu avant la deuxième partie de la semaine, car les jet-streams montent en puissance et des vents dépassant les 100 km/h sont attendus.

Il est seul mais deux cordées de soutien s’organisent sur les camps inférieurs. Deux alpinistes sont au Camp 2 pour la nuit, deux autres au Camp 1. Ils vont essayer de progresser vers Urubko dès demain.

En attendant, le fan club de Denis a lancé le hashtag #GoDenis !

EN SAVOIR PLUS > Suivre le live

Illustration : D.U. Fan Club

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Eric T.

Eric, spécialiste de l'univers de la montagne, a mis son baudrier et ses crampons de côté pour rédiger des articles pour : Altitude.news. Business, Nature et Alpinisme sont les trois rubriques principales dans lesquelles vous pouvez retrouver ses articles. Ce montagnard d'adoption est à l'affût d'histoire et d'anecdotes insolites à partager avec ses lecteurs. Pour le contacter directement : eric@altitude.news !

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