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Saison 2019 au K2 : l’apprentissage de l’échec !

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire du K2. Entre 1986 et 2018, douze saisons sont restées sans sommet au K2. Parfois par absence de prétendants, parfois parce que personne n’était parvenu en haut (conditions, météo…). A titre de comparaison, sur la même période, l’Everest n’a connu qu’une seule année blanche. C’était en 2015, l’année du terrible tremblement de terre au Népal. Régulièrement donc, le K2 refuse la venue de grimpeurs. 2019 pourrait bien s’ajouter à la liste…

Cette saison pourtant les conditions semblaient optimales. Les jet-streams, ces vents violents qui peuvent empêcher toute ascension pendant des semaines, avaient eu la bonne idée de dévier de leur trajectoire habituelle et passaient plus au Nord. Quant à la mousson qui arrive du Sud, elle tardait à venir. Laissant un espace de relatif beau temps entre les deux, sur le Nord du Pakistan. Une aubaine pour les grimpeurs, pensait-on.

Faire la trace sur les voies Cesen et des Abruzzes jusqu’au Camp 4 n’avait pas été une partie de plaisir. Les différentes équipes à être passées en tête s’en sont bien rendu compte. La neige était très profonde et la tâche était épuisante. Mais c’était faisable. A plus de 8.200 mètres, c’est devenu beaucoup plus compliqué. Personne n’avait anticipé une aussi grande quantité de neige. Une avalanche, puis deux, puis trois. A chaque fois, les grimpeurs à l’œuvre passaient très près de la catastrophe. En première ligne, les sherpas retournaient à l’assaut, tentant de se frayer un chemin. Mais avec de la neige à hauteur d’homme, forcer un tel passage n’était pas sans risque. Dans une zone pareille, les avalanches n’auraient pas tardé à faire des dégâts. Et un sérac très menaçant aurait pu dramatiquement mettre fin à pas mal d’aventures.

La bonne décision

« C’est une décision très dure que de faire demi-tour mais la sécurité a primé (…) nous réessayerons en restant en vie ! » expliquait un sherpa de retour au camp de base. Même son de cloche chez Furtenbach Adventures : « Oui, c’est décevant de devoir faire demi-tour quand tout va bien, que tout le monde est en forme et près pour les 300 derniers mètres, c’est nul ! (…) tout le monde en est venu à la même décision, c’était beaucoup trop dangereux ».

Adrian Ballinger, qui n’a pas encore tenté sa chance (il termine seulement son acclimatation), veut encore y croire : « les conditions semblent renvoyer la plupart (toutes ?) les équipes à la maison (…) nous ne savons pas si la montagne nous permettra une poussée jusqu’au sommet ! »

Quelques jours plus tôt, Mike Horn et Fred Roux avaient été les premiers à faire demi-tour. « Ce n’est jamais facile de tourner le dos à son rêve, surtout quand vous avez tant travaillé pour vous en approcher. Mais c’est aussi ce qui rend la vie passionnante. Si c’était si simple d’atteindre nos objectifs, on n’apprendrait jamais à se battre pour eux » analyse Mike Horn, philosophe.

Lire aussi : Mais à quoi ressemble l’ascension du K2 par la voie des Abruzzes ?

Sur les réseaux sociaux, connaisseurs et grand public applaudissent des deux mains. « Quelle preuve d’humilité ! », « Bravo pour ce courage ! », « héros des temps modernes », « je suis sûr que ce fut la bonne décision », « savoir revenir vivant pour mieux repartir et continuer ! ».

Illustration  © DR

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Une réflexion sur « Saison 2019 au K2 : l’apprentissage de l’échec ! »

  1. Nims Dai devrait faire le Broadpeak et espérer une évolution de la neige au K2 pendant ce temps.
    Si ça purge ou si elle se tasse il aurait un espoir, sinon ce sera de la roulette russe avec plusieurs balles 😦

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