Il y a 60 ans, Robbins et Hemming ouvraient la célèbre « Directe Américaine » sur une des parois les plus fameuses des Alpes, la face ouest des Drus.
Dans la foulée de nombreuses ouvertures dans le Yosemite, des grimpeurs américains débarquent dans les Alpes. C’est notamment le cas de Royal Robbins, à bien des égards un des pionniers de l’escalade moderne. On lui doit plusieurs ouvertures majeures sur les big-walls nord-américains. Rien d’étonnant à ce que Robbins se soit senti à son aise dans le granit des Drus. Avec Gary Hemming, un autre américain installé dans les Alpes pour ses études, il s’intéresse à cette montagne mythique qui surplombe Chamonix et la Mer de Glace.
Cette face impossible à gravir ?
Les Drus fascinent. Notamment les quelques 1.000 mètres de la face-ouest. Cette même face que Pierre Allain (premier grimpeur de la face nord avec Leininger) considérait en son temps comme impossible à gravir : « une surface lisse et sans défaut, prototype même de l’impossible » écrivait-il. En juillet 1952 pourtant, une cordée française emmenée par Guido Magnone va parvenir à ouvrir cette fameuse face ouest. Avec cordes fixes et pitons à expansion dans certains passages. Ce sera le début de plusieurs ascensions de très haut niveau. Comme celle du Pilier sud-ouest, baptisé Bonatti après son ouverture par l’Italien en 1955. Voie majeure disparue depuis suite à un éboulement.
La Directe Américaine
En 1962, près de trois jours et 85 pitons seront nécessaires aux deux Américains pour venir à bout d’une toute nouvelle voie. Plus directe (d’où son nom), plus esthétique et élégante. Sur la partie supérieure et jusqu’au sommet, elle rejoint la voie de 1952. Robbins reviendra trois ans plus tard, avec son camarade John Harlin pour ouvrir un itinéraire encore plus direct : la « Directissime américaine ». Malgré une blessure sérieuse à la cuisse, Harlin parviendra au sommet avec son compagnon.
Mi-août 1971, Jean-Claude Droyer réalise la première solitaire de cette voie. Avec un bivouac dans la face. En juin 1982, c’est Christophe Profit qui s’aventure dans cette Directe Américaine. 3h10 suffiront au Français pour arriver au sommet, la première en solo intégral.
Illustrations © O.Taris | CC BY-SA 3.0