par A quelques jours d’intervalle durant l’hiver 1985, l’alpiniste polonais Jerzy Kukuczka réalise l’ascension de deux sommets de plus de 8.000 mètres.
Son nom faisait déjà partie des grandes légendes de l’himalayisme. En quelques années, il a ouvert de nombreuses nouvelles voies sur les plus hauts sommets du monde. Allant même jusqu’à s’offrir des ouvertures en solitaire, comme sur le Makalu en 1981. Sa première du pilier sud de l’Everest en 1980 est aussi entrée dans l’Histoire. Mais en 1985, Jerzy Kukuczka va frapper fort. Dans la foulée des premiers succès hivernaux polonais, à l’Everest en 1980 et au Manaslu en 1984, Kukuczka vise deux 8.000 en une seule saison hivernale. Jamais personne n’a réalisé pareille prouesse en hiver. La première expédition cible le Dhaulagiri (8.167m). Le camp de base commence à prendre vie début décembre mais ce n’est que le 21 janvier qu’Andrzey Czok et Jerzy Kukuczka atteignent le sommet.
La descente s’avère particulièrement périlleuse avec un départ du sommet vers 15h30 et une nuit hivernale qui n’allait plus tarder. Les deux hommes réchappent de justesse à un bivouac à 7.800m sans sac de couchage ni tente. Le lendemain, ils parviennent sous leur tente du Camp 4 et n’en bougent plus, épuisés et pétrifiés par le froid. La nuit venue ils se remettent en route et Czok atteint le Camp 2, il est alors pris en charge par un camarade qui l’accompagne jusqu’au camp de base. Kukuzcka, lui, passe une deuxième nuit en plein air, exposé aux éléments. Tant bien que mal, il parvient au Camp 2 vers 9h du matin.
Accroché à sa radio au camp de base, sans nouvelle des deux hommes pendant près de 17 heures après leur appel du sommet, le chef d’expédition Adam Bilczewski écrira que cette nuit-là, « après 25 ans, je me suis remis à fumer ! ».
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Kukuzcka ne descend pas jusqu’au camp de base. Après cette première ascension hivernale du Dhaulagiri par sa voie normale, il n’en a pas fini. Depuis le camp de base avancé, il rejoint un col qui lui permet d’atteindre (en deux jours de marche) l’expédition du Cho Oyu. Car au même moment, ses compatriotes mènent une seconde expédition hivernale. Début février, Kukuczka est donc arrivé au camp de base de sa deuxième hivernale de l’année ! Mais le temps presse, le permis n’est valable que jusqu’au 15 février.
Le 12 février, Maciej Pawlikowski et Maciej Berbeka atteignent le sommet. Kukuczka est déjà au camp 3. Il ne sera pas le premier, qu’à cela ne tienne, avec un Zygmunt Heinrich pas très bien acclimaté, il arrive au sommet à 17h30, le 15 février ! La descente commence et la nuit tombe. Après une glissade de quelques mètres qui aurait pu se révéler fatale, Kukuzka et Heinrich s’arrêtent pour un bivouac à 7.700m. Quatre jours plus tard ils arrivent au camp de base, lessivés. Kukuzka a alors réalise une première extraordinaire : gravir deux 8.000 durant le même hiver !
Illustration – Jerzy en 1980 à l’Everest © CC0
