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Ensemencer les nuages : la solution au manque de chutes de neige ?

Une étude menée par l’Université de Boulder (Colorado) s’est intéressée à l’ensemencement de nuages. Une méthode évoquée depuis des décennies pour modifier artificiellement la météo.

En France, l’utilisation de l’iodure d’argent est récurrente notamment pour protéger certaines cultures de la grêle. Ce produit est pulvérisé en altitude pour que les grêlons se transforment en gouttelettes d’eau et n’abîment pas les récoltes. Même approche à beaucoup plus grande échelle en Chine. La pluie ne pouvait pas mettre en péril une cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Il s’agissait alors de « faire pleuvoir » les nuages approchant de la capitale avant qu’ils ne s’installent au-dessus du Stade Olympique (en anglais). Les scientifiques ont longtemps été sceptiques sur l’efficacité de ces procédés vieux de près de 70 ans. Mais de nombreux pays continuent de les employer. Si on peut artificiellement faire pleuvoir…  Peut-on utiliser le même genre de technique pour favoriser les chutes de neige ?

Une amélioration des chutes de neige dans certaines conditions

Les scientifiques américains viennent de publier leurs analyses d’une expérience grandeur nature menée durant l’hiver 2017 dans l’Idaho. A l’aide d’un avion, ils ont ensemencé certains nuages pour comparer aux nuages voisins laissés vierges de tout additif. Restait ensuite à utiliser des technologies de pointe pour mesurer l’impact sur les précipitations neigeuses obtenues au sol.

« Nous pouvons certainement dire que l’ensemencement des nuages ​​améliore les chutes de neige dans les bonnes conditions » a expliqué Sarah Tessendorf, co-auteur de l’étude. Dans plusieurs cas et suivant certains facteurs, l’ensemencement a provoqué des chutes de neige là où il n’y en avait pas naturellement. Pour produire ces précipitations, il faut évidemment réunir plusieurs paramètres. A commencer par l’incontournable présence de nuages.

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Un procédé loin d’être infaillible

D’autres dimensions, comme les vents locaux, semblent également avoir une influence clé dans la capacité de cet artifice à générer des chutes de neige. Et le procédé ne semble pas vraiment infaillible. Les scientifiques expliquent qu’ils doivent pousser plus loin leurs recherches pour mieux comprendre ce phénomène. « Il est important de savoir si cela améliore le manteau neigeux d’une manière qui répond à des besoins spécifiques ».

Mais déjà utilisé par des stations de ski !

Si les stations de ski attendaient avec impatience de pouvoir lutter contre les variations d’enneigement avec cette méthode, elles devront patienter…

Ou continuer sans ce type de démonstration scientifique. Car certaines stations américaines autour du Lake Tahoe (Californie) bénéficient depuis plusieurs années de ces technologies. Plusieurs canons pulvérisent de l’iodure d’argent en direction des nuages. Durant le dernier hiver, le dispositif a fonctionné à 9 reprises, totalisant près de 190 heures d’ensemencement. Les retombées, elles, sont difficiles à évaluer. D’autres équipements expérimentaux de ce type existent dans le Colorado.

L’étude n’évoque pas la dimension écologique de l’affaire. Depuis longtemps, la pollution à l’iodure d’argent est jugée marginale. Plusieurs études semblent néanmoins moins catégoriques, notamment s’agissant de l’impact sur les milieux aquatiques.

En savoir plus sur cette étude : Lire Quantifying snowfall from orographic cloud seeding (en anglais)

Illustration ©  DR

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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