rwenzori

Aux sources du Nil, les Monts de la Lune perdent leurs glaces légendaires

Massif montagneux majeur d’Afrique, le Rwenzori a longtemps été considéré comme une des sources du Nil. Sous l’appellation « Monts de la Lune », ces sommets légendaires étaient déjà évoqués chez les Grecs anciens. Aujourd’hui, le Rwenzori perd son dernier glacier.

Dans l’Antiquité, on évoquait déjà les monts enneigés qui voyaient naître le Nil. Mais il fallut attendre l’arrivée de l’explorateur britannique Henry Morton Stanley dans la seconde moitié du XIXème siècle pour que des observations plus précises de cette montagne soient réalisées. Si on ne peut pas réellement considérer que le Nil prend sa source dans le massif, une partie des eaux qui s’en écoulent alimentent bien des affluents du Nil. Début XXème, c’est le Duc des Abruzzes (celui-là même qui donna son nom à la voie normale du K2) qui explora ce massif du Rwenzori. Avec l’aide de plusieurs guides alpins et de centaines de porteurs, le Duc allait gravir tous les principaux sommets de la région. Y compris le point culminant du Mont Stanley, nommé en hommage à l’explorateur britannique.

Le Mont Stanley porte aussi un nom local, le Mont Ngaliema. Mais la plupart des sommets du massif rendent plutôt hommage aux familles royales européennes. Les pics Alexandra et Marguerite évoquent ainsi Alexandra d’Edimbourg et Marguerite de Savoie. Des noms qui remontent à la visite du Duc des Abruzzes, Louis-Amédée de Savoie.   

Les glaciers du Rwenzori disparaissent

Situé à la frontière entre Ouganda et République Démocratique du Congo, ce massif dépassant les 5.000 mètres fut jadis recouvert de glaciers. Aujourd’hui, ils se sont réduits comme peau de chagrin. Les scientifiques et rangers qui parcourent les lieux laffirment. Ce n’est qu’une question de mois avant une disparition totale de ces glaciers. D’après eux, les derniers recoins glacés devraient avoir fondu en 2025. Les hypothèses les plus optimistes ne tablent pas au-delà de 2040. Sur les trois montagnes du massif qui abritaient des glaciers, deux d’entre elles (Monts Baker et Speke) n’en ont déjà plus. Les dernières glaces subsistent encore sur le Mont Stanley, le plus haut des trois. L’ascension du Pic Alexandra, jadis en neige et glace, n’est plus désormais que rocher.

Au pied des Monts de la Lune, un avenir incertain…

Mais le recul des glaciers n’est pas la seule manifestation du changement climatique dans la région. Un incendie majeur en 2012 a ravagé toute une partie de la végétation au pied de la montagne. Les années suivantes, des inondations ont secoué la région forçant les agriculteurs à adapter leurs cultures. Côté Ouganda, une bonne partie d’entre eux pourrait se tourner vers la mine de cuivre voisine, à Kilembe. Fermée pendant des décennies pour des problèmes de gestion et d’insécurité, elle a semblé revivre en 2013. Reprise en main par un opérateur chinois qui promettait des milliers d’emplois, mais aussi la rénovation d’une centrale hydroélectrique voisine. Le ciel semblait enfin se dégager dans cette région connue pour ses fortes pluies.

Mais les progrès de la compagnie chinoise étant trop lents (et en partie détruits par de nouvelles inondations) et les promesses non tenues, la concession de 25 ans a été dénoncée au bout de quelques années. En 2022, les mines de Kilembe cherchent toujours un repreneur. Et l’économie locale est toujours à l’agonie.  

Illustrations © Agripio | CC BY-SA 3.0  

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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