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Le retour des Talibans ou la fin de l’alpinisme en Afghanistan ?

Le retour des Talibans au pouvoir fait craindre le pire aux Afghans et surtout aux Afghanes. Ces dernières années, certaines avaient découvert l’alpinisme, source de développement et d’émancipation. Aujourd’hui, tout est remis en question.

Lors du « premier règne des Talibans » sur l’Afghanistan, de 1996 à 2001, la pratique sportive était interdite. Supposée éloigner les hommes de la prière. Ces derniers ont par la suite pu s’exercer à de rares sports. Mais les femmes, elles, n’en avaient pas le droit. Les stades accueillaient alors des exécutions publiques plutôt que des compétitions sportives. Les montagnes étaient soit quasi-désertes, soit des refuges pour combattants ou terroristes. Ce n’est que depuis 2002 que l’on a vu certaines disciplines émerger plus librement dans le pays. Parmi lesquelles : l’alpinisme.

Auparavant, il faut remonter avant l’arrivée des militaires russes en 1979 pour trouver un temps soit peu d’activités sportives en montagne. Dans les années 1960-1970, ce sont majoritairement des Occidentaux qui ont gravi les sommets d’Afghanistan. A l’image des Polonais en 1973 et de leur première hivernale du Noshaq, le point culminant du pays qui se dresse à 7.492 mètres d’altitude. Ou des Allemands réussissant l’ascension du Mir Samir, un presque 6.000 réputé localement comme impossible à gravir (1959).

Les Afghanes se mettent à grimper

Ces dernières années, quelques Afghans ont exploré nombre de montagnes du pays mais il reste quantité de sommets et d’itinéraires vierges. Le pays, traversé par le Pamir et l’Hindu Kush, deux chaînes de montagnes majeures, est clairement un paradis des grimpeurs. Sur le papier du moins. Durant les vingt années de présence américaine, la sécurité n’était pas toujours au rendez-vous. Et rares étaient les grimpeurs étrangers à s’aventurer dans le pays. Les Afghans et les Afghanes, eux, ont peu à peu pris leurs marques. A l’image de Hanifa Yousoufi, première Afghane à gravir le point culminant du pays. C’était en 2018, et les soutiens masculins étaient très rares. Mais Hanifa n’était pas seule. Au fil des années, des dizaines de jeunes femmes afghanes ont découvert l’alpinisme, notamment grâce à une ONG.   

L’alpinisme dans la ligne de mire des Talibans ?

Avec la chute du régime et le retour des Talibans au pouvoir, on peut craindre une détérioration de la situation. L’ONG Ascend, qui accompagne des Afghanes comme Hanifa dans le « développement de leur potentiel par l’alpinisme », tente d’évacuer ses équipes et ses membres. Craignant que les Talibans ne mettent un coup d’arrêt à leur activité, ou pire encore. Une grimpeuse en est convaincue, citée par le Washington Post (lien en anglais) : « Il n’y a aucune chance qu’ils [les Talibans] me permettent de gravir des montagnes ».

Il faut dire qu’Ascend n’est pas tout à fait en ligne avec les idées extrêmes des Talibans. Chaque année « nous recrutons une nouvelle équipe de filles afghanes âgées de 15 à 24 ans pour un programme d’alpinisme ambitieux de deux ans afin qu’elles deviennent la prochaine génération de leaders » précise l’ONG. Une des membres résume la logique du programme avec une phrase toute simple : « grimper c’est être libre ». Quand pratique du sport rime avec liberté et émancipation des femmes, on peut d’autant plus craindre la réaction des Talibans.

Pour soutenir Ascend dans cette crise, c’est par ici.

Illustration © Sgt Ken Scar – US Army

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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