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Accident à 8.200m : ce porteur abandonné sur le K2 !

Le 27 juillet dernier, alors que nombre de grimpeurs réussissaient l’ascension du K2 (voir photo), un porteur était en difficulté à 8.200 mètres d’altitude. Il est mort après avoir été dépassé par une cinquantaine d’ « alpinistes ». Rares sont ceux qui ont tenté de l’aider.

Cet été, le second sommet de la planète a été le théâtre de ce que l’industrie des expéditions commerciales peut avoir de plus condamnable. Les conditions sur le K2 n’étaient pas bonnes. Et la fenêtre météo propice au sommet s’est réduite à quelques heures à cheval sur les 27 et 28 juillet. Tous les grimpeurs cherchant à gravir cette fameuse montagne de 8.611 mètres d’altitude se sont donc mis en mouvement en même temps. Les uns derrière les autres. Précédés de peu par des équipes de sherpas et de porteurs qui ouvraient la voie.

Au milieu de cette file indienne interminable, un homme est mort. Et des dizaines de grimpeurs ont dû franchir son corps sans vie pour se frayer un chemin jusqu’au sommet. Près de 50 personnes ont ce jour-là enjambé le corps d’un mourant pour rejoindre le sommet, comptabilise Philip Flaming, un alpiniste présent au K2 et filmant les lieux avec son drone.

Muhammad Hassan

Cet homme était Pakistanais, un porteur de haute altitude. Main d’œuvre bon marché et pourtant indispensable des expéditions sur les montagnes du Karakoram. Son nom : Muhammad Hassan. L’homme aurait chuté en dehors de la voie, endommageant ou perdant son masque à oxygène. Plusieurs personnes présentes sur place l’ont aidé à regagner la trace. Mais il ne parvenait plus à se déplacer par ses propres moyens. Harila aurait ainsi participé à ces premiers secours avant de continuer plus haut vers l’équipe de tête qui semblait également en difficulté. Quand elle s’est aperçut que ces derniers allaient bien, elle a continué son ascension. « Nous n’avons compris la gravité de ce qui s’est passé que plus tard » écrit-elle. Gabriel, son camaraman, était resté avec lui jusqu’à manquer d’oxygène. Une fois qu’il a pu s’en procurer… il a rejoint son équipe vers le sommet.

Pas d’aide pour les porteurs

Les premiers comptes-rendus de la scène annonçaient sa mort quelques minutes après avoir été aidé à regagner le chemin emprunté par tous les summiters du jour. Mais des images filmées par un drone ternissent quelque peu l’histoire. Ces images, tournées au lever du soleil, près de 3 heures après la chute d’Hassan, le montrent bougeant ses jambes. Encore en vie trois heures après sa chute. S’il était plus que périlleux de tenter de l’aider à descendre, plusieurs alpinistes présents au camp de base s’étonnent que rien ne semble avoir été tenté. Des responsables d’expéditions plaident le manque d’information pour ne pas s’être impliqué dans un potentiel sauvetage.

Un alpinisme « malsain et affreux »

Et l’incompréhension s’est propagée au-delà du camp de base. L’himalayiste Tamara Lunger connait bien le K2. Elle souligne que nombre de grimpeurs ont ce jour-là agit de « manière indifférente, égoïste, cupide et sans compassion ». Et d’ajouter : « Je suis profondément attristée, car l’alpinisme, autrefois un peu romantique, prend une direction qui pour moi est juste malsaine et affreuse ! ».

Muhammad Hassan s’aventurait pour la première fois à si haute altitude, il était mal équipé, peu ou pas formé pour être là. Il avait 27 ans. Quant à la plupart des clients en ligne ce jour-là, ils auraient été bien en peine d’aider un homme à redescendre. Faute de l’expérience nécessaire pour tenter de mener un secours à près de 8.000m sur le K2, trop dépendant de leur sherpa.  

Des vies qui ont moins de valeur que d’autres ?

Ces dernières décennies, les exemples de grimpeurs abandonnés sur les voies vers les sommets sont nombreux. Sur l’Everest, certains ont parfois réussi à s’en tirer comme le fameux Lincoln Hall en 2006 ! Les récits d’alpinistes héroïques sont fréquents. Les tentatives de secours spectaculaires aussi. Mais quand les protagonistes sont des sherpas, ou plus loin encore dans la hiérarchie des expéditions, des porteurs pakistanais, on entend rarement parler de ces histoires. Et les morts semblent ne plus compter. Une campagne a été ouverte pour aider financièrement la famille laissée par le porteur décédé.

Illustration – la foule des grands jours sur le K2 le 27 juillet dernier © 8KExpeditions

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