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Expéditions hivernales 2019-2020 : La montagne l’emporte toujours !

Malgré des surprises jusqu’à la dernière minute, la saison des expéditions hivernales se termine sans aucun sommet. Quelques-uns des himalayistes les plus en vue de ces dernières années s’attaquaient à des 8.000. De plus jeunes recrues tentaient également leur chance. Si aucun sommet n’a été atteint, la saison se termine sans aucune victime. Quelques blessures de-ci de-là, mais rien de très grave. Meilleure gestion du risque pour les uns, manque de courage pour les autres, toujours est-il qu’il est temps de faire le bilan de la saison !

Au Karakoram : des crevasses, des avalanches et beaucoup de neige !

Quatre expéditions étaient déployées sur différents sommets au Nord du Pakistan. Les Italiens Simone Moro et Tamara Lunger qui s’intéressaient aux Gasherbrum ; Denis Urubko, Don Bowie et Lotta Hintsa qui ciblaient le Broadpeak ; une équipe internationale emmenée par Mingma Gyalje Sherpa au K2 et enfin une expédition polonais au Batura.

La crevasse de Simone

Simone et Tamara ont bataillé ferme pour trouver une issue au glacier du Gasherbrum. Un vrai labyrinthe duquel ils ont bien cru ne jamais s’échapper. Finalement, alors qu’ils avaient trouvé l’issue de ce dédale, un pont de neige a cédé. « Après une fraction de seconde, un trou s’est ouvert sous mes pieds et je suis tombé. Tamara a subi un choc si violent qu’elle a littéralement volé jusqu’au bord de la crevasse pendant que je tombais à l’envers sur une vingtaine de mètres » explique Simone Moro, de retour au camp de base. Ils sont arrivés à se tirer de là mais Simone était trop contusionné pour continuer, et la main de Tamara était abîmée. Résultat, le 20 janvier, une évacuation était réalisée.

Urubko, Bowie et Hintsa sont au camp de base

La légende Urubko avait prévenu, ce serait sa dernière hivernale sur un 8.000. Il comptait donc la réussir. C’était sans compter sur différents aléas, à commencer par son compagnon de cordée Don Bowie. Ce dernier s’est trouvé mal lors d’une tentative d’attaque au sommet. Sans aucune hésitation, Urubko avait préféré aider son camarade à redescendre plutôt que continuer vers le sommet. Bowie évacué, Urubko s’était lancé dans une dernière tentative mais les conditions étaient trop mauvaises. Il survit à une avalanche, échappe à une chute en crevasse et finalement fait demi-tour à 7.400 mètres. « Une seule erreur et c’est terminé », il a choisi la solution raisonnable, redescendre en vie ! Alors qu’il comptait bien rentrer du camp de base à pied, l’Armée Pakistanaise en a décidé autrement. En guise de cadeau de retraite, un hélicoptère est venu le récupérer.

Discrète, l’ex-Miss Finlande Lotta Hintsa n’a pas démérité. Elle a atteint le Camp 2 alors que les commentateurs la voyaient rester au camp de base pendant toute l’expédition. Si cette expérience lui a appris beaucoup de chose, elle compte bien passer ses prochains noëls chez elle !  

Un K2 au-dessus de tout !

Deuxième sommet de la planète, ultime 8.000 à n’avoir jamais été gravi en hiver, le K2 mérite sa place sur la liste des montagnes les plus coriaces. Partie en retard suite à des difficultés de financement, l’expédition internationale qui comptait notamment l’Islandais John Snorri a atteint le camp de base avec peine fin janvier. Snorri et le Slovène Tomaz Rotar ont donné tout ce qu’ils pouvaient mais la montagne était plus forte. La tentative a finalement pris fin vers 6.600 mètres. Devant l’immensité de la tâche, la raison l’a emporté.

Un 7.000 digne d’un 8.000

Au Batura (7.795m), les Polonais comptaient se préparer pour une expédition au K2 l’hiver prochain. Ils n’ont pas été déçus. Les conditions étaient très dures, avec beaucoup de neige. Longtemps coincés au Camp de base en attendant que le temps s’améliore ou que la montagne se purge de ses avalanches, les hommes de Piotr Tomala ont atteint le Camp 3 à l’altitude de 6.600 mètres avant de renoncer. Les conditions étaient telles que l’équipe n’a « même pas la possibilité mathématique d’atteindre le sommet cet hiver ».

A l’Everest, trois expéditions pour le prix d’une

C’est l’Everest qui était la cible de toutes les expéditions côté Népal. Deux puis trois groupes se sont côtoyés au camp de base.

Alex Txikon, jamais 2 sans 3 !

Le Basque Alex Txikon avait bien commencé son acclimatation en réussissant l’ascension de l’Ama Dablam mais la suite s’est compliquée. La progression sur l’Everest, véritable objectif de cette saison, était lente. En cause, les conditions très délicates. La dernière tentative s’est soldée par un demi-tour au pied de la face du Lhotse et un slalom entre les avalanches qui descendaient la face abrupte du Nuptse. C’était la troisième expédition de Txikon sur l’Everest en hiver. Trois expéditions, trois demi-tours. Au passage, il aura vu évacuer deux membres de son équipe, un blessé et un très malade.

Des sherpas en last minute

Quatre sherpas venus gravir l’Everest en hivernal et en un temps record sont arrivés à la fin du mois de février au camp de base . En quelques minutes d’hélicoptère, ils avaient rejoint Alex Txikon au pied de l’Everest. Leur première tentative a été la dernière. Aux côtés d’Alex, ils ont pris la même décision : demi-tour. Ce qui devait être un record homologué et un coup de pouce à la promotion touristique du Népal s’est retrouvé être un coup d’épée dans l’eau. Ou dans la glace.

Seul sur l’arête ouest

L’Allemand Jost Kobusch, lui, était seul. Il avait choisi un itinéraire moins crevassé que la voie normale, et plus adapté à une progression en solitaire. L’Arête ouest, une voie peu empruntée. Et pour cause, ce n’est pas une promenade du dimanche. A force de persévérance, il est tout de même arrivé au Col Lho La (6.000m) puis à ouvrir un deuxième camp à 6.760m. Lors d’un ultime « push », il aurait atteint les 7.350 mètres, idéal pour un Camp 3. Mais son instinct lui a dicté de faire demi-tour, et il est péniblement revenu jusqu’au camp de base. En début de saison, il évaluait ses chances de réussite à 5%. Ce n’est donc pas une surprise de ne pas le retrouver au sommet, mais par comparaison avec les autres expéditions de la saison, ce qu’il a réalisé est tout à fait notable.

Illustration © Mingma G, Jost Kobush, Don Bowie, Alex Txikon, Polski Himalaizm Zimowy im. Artura Hajzera, John Snorri, Breathless, Simone Moro.

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